lundi 25 février 2008

ECRIRE


L’écriture est vampirique.
C’est un besoin viscéral, une addiction perverse.
Les yeux douloureux de ne pas voir les maux écrits ;
Les mains crispées de ne pas tenir les rennes de l’imaginaire.
La nuque raidie au dessus du blanc avide de la page.
L’esprit créatif, vorace, qui hurle aux tréfonds du vide…
Faire quelque chose de tout ça,
Peindre une litanie de mots en deuil,
Obscurcir les lumières fades du quotidien
Toujours un peu plus.
Trier ses tripes sur la feuille,
Ecarter l’anodin ou l’assaisonner de génie en poudre ;
Jeter les sentiments calcinés par-dessus l’autre bord.
Et recommencer,
Encore,
Tous les jours quelque chose à dire,
A écrire…
Quelque chose à imaginer,
A analyser,
A découper,
A taillader…
Et le servir froid, revu et réanimé.
Trop de chaleur tuerait le style.
Le compagnon de misère du fond et de la forme ;
Il faut apprendre à le préserver, l’honorer,
Ce fantôme muet, cet ange gardien attendu.
L’inspiration en panne,
On peut toujours tricher un peu…
C’est beau la forêt,
C’est nul la guerre, le racisme…
Allo le style ? La forme est chez toi ?
Rappliquez dare-dare, il faut que j’écrive un truc !
Vite !
J’ai mal !
Il faut que ça sorte !
Le stylo au fond de la gorge
Penchée au-dessus de la page,
Une ultime douleur, dernier spasme mêlé de sang…
La pieuvre qui dort en mon crâne crache son encre.
Et je peux la lire.
C’est moi ce vide noir qui grouille sur la page.
C’est moi…
Ce n’est que moi.

Les pays verrouillés

Papa a posé un verrou sur la porte de ma chambre.
A l’intérieur.
Parce qu’il me savait furtive dans le monde des grands.
Fugace comme un regard timide,
Comme l’ombre d’un moineau sur le béton armé…
Dès lors, cette chambre devint hermétique.
Aucun regard humain ne pu y pénétrer.

Personne ne me voyait quand je saignais dans l’encrier.
Personne pour me juger quand je peignais ces corps à nus.
Personne d’autre que moi pour me regarder en face…
Et personne pour m’entendre renifler mes sanglots.

Mais j’entendais le monde grouiller derrière la porte…
Ces petits cris stridents, ces éclats de rire graves.
Et je les abhorrais.
Ils m’étaient étrangers, interdits de facto.
Seule avec cette colère qui fait grincer les crocs
Des petits animaux de mon espèce têtue.
« Puisqu’on ne peut rien en faire, autant la remiser. »

J’étais donc ce bocal de fruits aigres au placard.
Réfugiée tout en haut des étagères humides.
De ceux qu’on laisse vieillir avant de les goûter.
Ou bien qu’on jettera pour gagner de la place.

Mais tout en haut de l’escalier,
Derrière la porte de mon placard,
Les murs tapissés de nuages bleus et de Gallions,
Le radiateur en fonte, le couvre-lit orange…
Tout me parlait d’ailleurs.
Et je les inventais,
Un crayon à la main.

Les pays de mon enfance restent verrouillés en moi. De l’intérieur.

Le choix de la raison

Au bout des couloirs de ma mémoire,
Passées quelques pièces de souvenirs à l’abandon,
Il y a cette chambre.
Chambre blanche,
Chambre froide.
Quatre murs étroits où tu vis infiniment,
Avant cette vie que je t’ai refusée.
Sans berceau, sans défense face à l’oubli du monde.
Sans nom, sans visage, sans odeur…
Tu n’as rien eu
Mais je t’ai tout gardé.
Seule avec ta présence
A peine décelée,
Eradiquée…
J’avais laissé une porte ouverte en moi,
Un peu d’espace libre
Pour un bout de vie spontanée.
Dans un univers trop petit pour un enfant de plus…
Dans un quotidien de misères humaines.
Dans une prison de solitude et d’espoirs déchus…

Mais comment vivre avec ce choix ?
Comment ne pas plier sous son poids ?
Pourquoi la raison parle-t-elle plus fort que la vie parfois ?
Plus fort qu’un germe d’amour,
Plus fort qu’une graine d’espérance,
Ensemencée de hasard,
De chance
En retard…

J’ai porté ta vie d’éphémère papillon sans aile,
Et j’ai décidé.
J’ai laissé ces mains inconnues scarifier mon âme…
Je les ai laissé te prendre, toi,
Etincelle irraisonnée,
Ange endormit au ventre de l’avenir.
Ce choix comme un tombeau de verre,
Moins paisible que le tien.
En récompense amère à une lâcheté travestie en volonté.
Et cette rengaine affreuse, comme une prière désespérée :
« J’ai bien fait, ce n’était pas le moment, j’ai bien fait »…
T’imaginer, si…
Reste pour moi une souffrance incandescente.
Enfermée dans une douleur silencieuse,
Je paye le prix d’une liberté de choix,
Et cela ne sera jamais assez cher payé.
Mon enfant, mon secret, fantôme rose, mon amour…

Il n’est pas de mot pour dire à quel point je regrette…
Je te regrette.

A l'abris

Il n’y avait qu’un lit dans notre maison.
L’organe vital de notre histoire,
L’autel de notre religion païenne.
Culte de la chaleur et de la vibration,
En équilibre sur pilotis
Mensongers…
Mais la fièvre à ton front m’aurait suffit.
L’animal qui habitait ton regard,
Et ta peau…

Au dehors, nous n’étions que fantômes…
Pièces d’un échiquier aux déplacements mécaniques.
Avec toujours, ces mensonges réflexes
Chantés, psalmodiés,
Au monde entier.
L’alambic des excuses tournait à plein régime.
Déversait frénétiquement ses hectolitres grisants
Au rythme saccadé du manque…
Inextinguible soif de nous.

Absents de nos vies pour quelques heures d’instincts,
Reniant l’amour qui nous hantait,
Exorcisant l’attente d’un détachement factice…
Pour rebaptiser la tendresse en gestes d’amitié.
Mais l’habitude s’immisce entre les corps aussi.
Et le doute envahit tout, au-delà de l’extase.
Ce nous momentané, fugace n’échappait guère à la règle…
A la loi silencieuse et inexorable
De l’usure.

ça vous fait peur ?

Ça vous fait peur de me regarder dans le noir des yeux ?
Ça vous intrigue que je promène mes illusions et mes délires
En laisse de cuir couleur chagrin ?
Ça vous dépasse cette affliction morbide,
Ces chemins de ruines grises,
Et ces baraques en tôles
Qui me hantent…

Au pas des portes de mon esprit de brumes et de givre,
Laissez tomber vos angoisses.
Car vous entrez ici, où la peur s’évapore…
Là où les démons, les vampires,
Les accidents de la route,
Les suicides avortés,
Les psychotropes pervers,
Les alcools, les fumées…
Les menteurs, les lunatiques et les frustrés.
Là. Où ils n’ont rien laissé.
D’intact.

En ce refuge aux contreforts marbrés de sang,
Il ne reste que ce que les jours n’ont pas encore rongé.
Ma carcasse et ses limites.
Et c’est peut-être « ça »
Qu’il y a de plus effrayant au fond…
Ma propre lie,
A lire…

Lettre à Elle

Sous ma peau de papier kraft, une lettre attend.
Jamais scellée, jamais ouverte, mon enveloppe patiente.
Le contenu importe peu, c’est un sale brouillon
Presque illisible.
Nuée de questions mortes, de raisons fades…
Souvenirs acides, regrets difformes.
Tout est là en paquets ;
En ratures noires et blanches,
Bleuies par le temps aveugle qui passe,
Sans me voir.
Un jour pourtant,
Un jour peut-être,
Je posterai cette lettre.
Je te l’enverrai à toi.
Toi qui, en ne m’aimant pas, en m’aimant mal,
M’a donné le trait noir de ma personnalité profonde.
Ces mots nés des maux.
Ce besoin de me raconter pour me comprendre…
Seule, puisque tu ne me répondais pas.
Ou dans cette langue de violence que je ne comprenais pas.
Toi qui en voulait à ta vie de ne pas être à la hauteur.
Toi qui m’en voulais d’avoir grandis en secret,
En toi.
Je t’ai volé un peu de ce qui me fait avancer maintenant,
Un peu de liberté,
Un supplément de vie tenace, entêtée, enragée.
Le feu a couvé la glace sans le savoir,
Le conflit était là avant même d’être né.
Etait-ce toi que tu voyais quand tu me tuais du regard ?
Est-ce moi que je tue quand je regarde le temps te soumettre ?
Aura-t-il seulement ta peau ?
Le chiendent a la vie dure dit-on…
Pourtant j’ai peur…
Peur que ces combats n’aient pas de fin.
Que quand l’une de nous disparaîtra, l’autre s’éteigne à son tour
Rongée de regrets,
Pétrie de remords…

Alors je reste assise sur la distance…
Ce bouclier qui me protège de mes propres sarcasmes
Et des tiens, incandescents…
Je referme encore une fois l’enveloppe.
Sans la cacheter.

Remington rand S comme Schyzo

Dix doigts à chaque main,
Huit bras noircis à l’encre de chine.
Je suis l’araignée qui attend au fond de ta cavité
Imaginaire.
Machine à écrire détraquée…
Je suis la sale bête qui pond ses insomnies dans ta tête.
Celle qui te tire vers le bas de l’échelle de cristal
Quand tu rêves de monter des marches au tapis rouge.
Celle qui ne se satisfait pas d’histoires à l’eau de rose,
Celle qui s’abreuve aux blessures purulentes de ton âme.
Je me nourris de ce « toi » que tu caches,
Et je te regarde en face quand tu vomis tes chimères.
Prisonnière de ce corps que tu malmènes,
Je te ronge la sérénité,
En représailles.
Je ne vois que ce qu’il y a de pire en toi,
Ton intérieur insalubre.
Je le tapisse d’une toile de maître mot,
D’une seule couleur,
Celle de ta douleur
D’être toi.
D’être nous.

Les orties

Un soir de spleen,
Un soir de plus,
J’ai rêvé mes parents.
Comme deux montagnes bleues aux front voilés de nuit.
Deux stégosaures de cire sur une scène de strass noir,
Au musée du rock’n roll…
Je leur ai écris des lignes, des pages
De rôles prédigérés par mes attentes acidulées.

Elle, me tricotait des pulls à franges.
Lui, me racontait l’histoire des hommes.


Leurs deux regards,
Tous leurs espoirs,
Sur mes épaules d’enfant nue.
Au bord de mes ailes duveteuses…
Et ces paroles que l’on murmure
M’auraient sculptés l’âme et le reste.
Mais au détour du réveil,
Je les ai retrouvés, réels.

Elle, versant l’amertume dans mes vers.
Lui, fantôme de lâcheté pathétique…


Et si c’était à refaire,
Renaître au ventre de la chance,
Je ne pourrais m’imaginer.
Et me rêver, un soir d’ennui
Autrement que fille d’indifférence.
Si la graine a germé sur ces gravats d’amour
Peut-être, sur un terreau plus riche, aurait-elle dépérit ?
Aux roses trémières finalement je préfère,

Les orties.

Projection in vivo

Atomic trip in a strange atomic land…
J’aimerais rêver ce que je vois...
Au bord de l’orgasme métallique de cette zone industrielle,
Les arcs électriques bandent leurs lueurs paraboliques vers le ventre de la nuit…
Cette Messaline frigide au sexe rond, pâle et froid comme le temps.
C’est très surfait la nuit des temps !
Très insuffisant aussi…
Alors nous, les singes savants, les aboutis,
On éjacule notre savoir au sein même des draps bleus de notre berceau.
Et c’est une passion d’enfanter le progrès à tout prix, c’est comme donner la mort !
La fin avant le début.
Une jouissance silencieuse qu’on aime à faire durer…
En bricolant l’éternité à coup de talons,
En soumettant -sadiques- cette planète d’éclopés utopistes !
Tout en lorgnant les autres autour, juste au cas où on finirait par manquer de matière…
Et que je te clone un p’tit mouton,
Et que je te promette de ne faire que ton bonheur,
Mais on ne fait pas d’hommes nets sans leur cloner les yeux !
Et sans les leur crever aussi, avant…
Par sécurité.


Madame, vous attendez un petit brun aux yeux noirs qui ressemble à son papa décédé depuis 3 ans…
Ah ? Vous auriez préféré un bébé qui ressemble à Brad pitt ?
Le service après vente va se charger de vous donner satisfaction.
Cela fait partie de nos garanties madame, n’ayez crainte.

Merci qui ?

Féminité chérie, je te maudis comme je le suis.
J’ai ma malédiction entre les jambes,
Merci qui ?

Femme, je suis.
Palpitation têtue,
Poussière dans l’œil du cyclone.
Je verse mes instincts sur vos attentes
En vagues lourdes et opaques qui s’évaporent sur vos ardeurs…

Femelle aussi.
Feu hystérique,
Tempête de griffes et d’ultrasons !
J’empale vos lâchetés aux pieux de l’utopie
En cris de verres brisés qui tranchent vos heures en mille.

Fillette d’ici.
Enfant de la terre,
Née du grain de sable dans l’engrenage...
Je vous observe de tout en bas, je prends des notes…
Je trace le plan de mes adieux au berceau de la vérité.

Féminité chérie, je te maudis comme je le suis.
J’ai ma malédiction entre les jambes,
Merci qui ?

Les satins noirs du dragon lune (Romane et moi)

Il pleut des gerbes d’insomnies à trancher les nuits
sur mes sommeils d'enfant battue
sur mes secrets de femme dévoilée
des cavales en robe de mariée
noire à traque-cauchemars
à cloche-prières
à tranche-tête
des rasades d’alcool en degrés d’overdose
Je perds pied...
des heures comme des noyades
moi qui ne sait plus nager
des cordes pour y pendre l’issue
Et des corps entassés sur mes souvenirs en cendres

Je voudrais pouvoir crier comme on lacère ce qui dérange
broyer de ma voix vos soies assassines en faux tango d’amour
clouer vos mains au mur de mes terreurs
ronger les barbelés
me défaire de vous
vous vomir
vous partir
vous plus rien
m'exorciser de vos démons
fermer les guichets de mes tympans à vos clameurs iniques
désertée volontaire
je n’ai plus rien à perdre
tout à apprendre d'autres regards
en oubliant pendant un temps vos déficiences et vos défiances
pour y revenir épurée comme la dernière des lignes
d'un épitaphe
celui de ma patience sans doute


Alors il y aurait des parterres doux-tendres
à m’y frotter la joue fredonnée bouton d’or
des doigts mêlés aux miens en sables mélangés
en volutes d'encens ensorcelées
en racines de tendresse
des nuits aux draps épidermiques sur lits de transes
et des petits matins ventre repu d’amour
il y aurait moi-Femme flamboyante
enfin
moi-Femme étoilée de plaisir
moi-Femme
moi
si petite dans ta paume

Si petite dans ta paume
à ne pas refermer
à ne pas m’enfermer
à ne pas me fermer

Aime-moi
grand ouvert...

Icebergs (Novocaïne et moi)

Sur ma peau les nervures semblent se figer bleu
Les coutures ont craqué aux jointures de mes poings
Aux confins de mon âme qui découd chaque lien
Je me tisse un avenir élastique

Sauterelles acides, la nuit noie nos vérités
En papillons de pluie, on s'humecte le coeur
On s'humidifie nos voiles de papiers glacés
Pour habiller l'absence de vieilles malédictions
Soeur d'univers parallèle, serre ce fil
Du côté pile du miroir, je t'attendrai, fébrile
Tu me tiendras la face des reflets d'antans
Pour que j'y vois cette âme aux relents familiers
Nos sangs sont pétales de coquelicots fragiles
Et nos racines s'entremêlent sous le fard
A chercher des ports qui chavirent les coeurs
A prendre les néons des parloirs pour des anges
Lorsque nos ailes se goudronnent dans le soir
Et s'alourdissent de regrets manufacturés

Les fissures se rattachent aux lueurs d'une étoile
Mais ne laissent pas la lumière des désirs s'infiltrer
Au travers des cristallins opaques des douleurs
Qui interdisent au coeur les impasses de l'amour

S'asseoir...

Je voudrais aller m’asseoir dans un coin du monde. Sur un petit bout de pelouse. Un carré d’herbes sauvages sur les rives d’un lac endormi. Je voudrais laisser mon quotidien aux objets perdus pour une fois. Le temps de respirer de l’air pur, une fois dans ma vie. Me remplir de quelque chose de clair. Faire la vidange de tout ce mal que mes veines charrient. Ne plus m’accrocher qu’à la terre, au vent, aux arbres qui me regardent de loin. Juste m’asseoir. Juste respirer. Ne plus rien imaginer, ne plus penser à rien, à tout. Mettre mon cœur sur pause, débrancher le fil du temps pour un instant. Ne rien regarder, devenir le regard. Ne rien toucher, n’être plus que l’immobile. Détail sereinement noyé dans l’espace. M’oublier sans regret, sans conséquence. Ne plus dépendre, ne plus être dépendante de ce fourmillement frénétique. Quitter l’humanité pour rejoindre la nature. Juste un moment de paix. Un stop dans le courant avant qu’il ne m’emporte trop loin. Là où je sais déjà que je perdrais pied. Je m’y suis déjà perdue. Je connais ces incidents de parcours qui vous aspire de l’intérieur. Qu’on me laisse me reposer encore un peu, il me reste encore si peu de moi à perdre ! J’ai laissé ma peau aux crocs des barbelés de l’amour ; j’ai vendu mon âme pour deux sous d’amitié déçue ; j’ai bâillonné mon libre arbitre pour faire taire les cris des autres. Ceux qui savent tout. Et je donne. Je donne, je donne… Je donne tout ce que j’ai pour un revers de tendresse moisie. Juste m’asseoir. Essayer de retrouver la candeur de l’espoir. Colifichet de cristal que j’ai laissé traîner dans la poussière. Son éclat s’est terni. Comme mes prunelles de nuit. Comme mes sourires des petits matins, comme mes satins roses, comme mes poèmes printaniers… Je me suis éteinte un soir, filament grillé, calciné. Et personne ne viendra me changer l’ampoule. Alors qu’on me laisse poser ma mine de carbone quelque part sur le vide… Sur une page vide

Histoire de dire

Je vis dans un monde surréaliste.
Un univers d’odeurs et de bruits belliqueux.
Où les murmures sont cris,
Où les couleurs ternissent le soleil.
D’idées noires en pluies de roses,
Je vagabonde aux grés des rêves.
Et je balade mes illusions de perspectives en occurrences…
Mon histoire a la langue bien pendue,
Dans un dialecte intime, elle se raconte, impudique.Elle étale ses salissures sur des écrins d’imaginaires.

Et j’ai honte…

Mais rien ne l’arrête,
Elle se poursuit, résolument.
Je ne suis que la matière brute entre ses doigts de verre,
Elle ressasse mes échecs, les remodèle, les travestis…
Les rebaptise à l’occasion en incidents, en coups de poisse.
Mais je ne suis pas dupe et j’ouvre l’œil…
Pour décrypter patiemment les images polychromes
Avant qu’elles n’envahissent mon film en noir et blanc.
Que leurs couleurs hurlantes ne fracassent mes silences,
Que le poids du mensonge ne m’écrase

Infiniment…

Priére à la pine



Je vous salue saint Braquemart de la Grande érection,
Aux testicules de plomb en des mains empressées.
Saint patron de tous les phallus,
La semence soit en Vous.

Sainte pine, chancre de la pénétration profonde,
Accordez - nous toujours
Des hampes bien veinées,
Des fentes accueillantes
Et de larges giclées de foutre bien chaud.

Faites l’empalement délicieux
Etroit et odorant et goûteux
Accordez-nous
La sodomie,
La fellation
Et l’espagnolade.

Sainte Pine, sainte mère de tous nos plaisirs,
Priez pour nous baiseurs / baiseuses,
Maintenant et au moment de notre orgasme.

Amen

Toi là, que j’en tâte.

vendredi 22 février 2008

Coup de vent

Le vent reprend son souffle entre mes reins de pluie.
Il hésite et chavire
Il palpite et respire
Et puis il s’abandonne aux jeux des profondeurs.
La brise se coule entre mes sens et mes essences,
Ruisselle au fond des mes espoirs poreux,
S’écoule, -sporadique- entre mes cuisses alourdies…
Je te respire,
J’inspire le vent,
Et l’instant…
Expire.

Trois fois le silence

A l’encre rouge sur un cahier, j’ai griffonné trois mots muets.
Trois hiéroglyphes alambiqués,
Trois ectoplasmes couleur d’attente,
Trois sculptures nues en signes abscons,
Trois mots d’enfant qui sonneraient faux
Si de ma bouche voilée de sang, ils s’échappaient dans un murmure.

mercredi 20 février 2008

Vibration linéaire

Epicentre vibratoire, je brûle les étapes.
Visage grimaçant au fond d’une tasse de café,
Je ravale ma façade par rasades
De sourires plastifiés.
Je prends de l’avance sur mon passé
En gravant mes erreurs dans le marbre des tombeaux.
Mon palpitant élastique en perpétuelle secousse sismique,
Arythmique,
Tient la distance pour le moment.
Pour eux, fusions de mon magma interne ;
Pour lui, qui reçoit mes éruptions épisodiques ;
Celle que mon enveloppe désincarnée ne peut contenir,
Sous peine d’auto combustion…
Létale, avec un peu de chance…
En attendant, je continue de continuer.
A bout de bras,
A bout de nerf,
A bout de souffle,
Au bout de mes heures qui s’effilochent,
Je porte, supporte et soutiens mon monde.
Il me reste quelques fusibles à griller là-haut,
Derrière mon regard éteint.
Et toujours ces millions de symboles qui suintent…
Ces enfants du néant que j’insémine au compte-goutte.
Ces histoires fantômes que j’exhume de mon cerveau en grandes pompes,
Funèbres histoires s’il en est !
Mais les miennes.
Ces abstractions de moi où je me purifie.
Lac sacré derrière le verre sécurit de ma solitude
D’auteur,
De mère,
De fille,
De femme.

Strip-tease

Je vais prendre ton manteau…

Il fait bon chez moi entre ton entrée et mes attentes.
Tu veux un verre de séduction ?
Sans glace, bien sûr…
Des amuse-bouche avant la mienne ?
Ou juste un coussin où poser tes ondulation ?
Vas-y étends tes courbes, mets-toi à l’aise…

Laisse tomber tes escarpins…

Et laisse ton regard tango embrasser la nuit.
Fais le rôder par les détours de mon décor,
Evaluer mes largesses,
Sous la chemise.
Les lumières de la ville en arrière plan à la tienne,
Se tamisent, minables…

Tu peux laisser ton pull sur l’accoudoir…

Même si le mohair savait sublimer ton corps,
Le nylon du dessous m’en dit plus rond encore…
J’ai du mal à parler quand mes mains crient famine.
Alors tu te racontes, lascive lassée du quotidien…
Mais je n’entends que les basses,
Les pulsations sanguines.

Enlève cette pince, libère tes cheveux…

Que je termine de crever d’envie, sous leurs effluves sucrés…
J’ai détourné le regard le temps de reprendre pied et…
Deux boutons de ton corsage se sont ouverts.
Je suis assis si loin de toi tout à coup !
Un regard fauve m’invite
Et je glisse…

Tu entrouvres ces lèvres que je rêve abyssales…

Et ton souffle volcanique achève de me consumer.
Remix de langues vipérines faméliques, voraces…
Entrelacs de bras, de mains avides de chaleur.
Je prends tout ce que tu proposes,
Dans une impatience fébrile qu’un reste de lucidité tempère.
Tu m’aides à te trouver.

Enfin…

HighWay To Hell

Dans un de mes rêves prémonitoires,
Je fais de l’auto-stop sur la Highway 666
Et Dieu sait que ce n’est pas bon signe.
Tomber en panne de battement de cœur
Sur la route de l’enfer,
Sous le soleil de Satan,
Fallait oser.
Ou il fallait le vouloir,
Inconsciemment.
Quand on s’amourache d’un serpent en smoking,
On récolte les fruits de la luxure,
En pleine gueule.
Et ça fait mal à l’espoir,
Ça pulvérise l’avenir,
Instantanément.
Douleur polaroïd...
J’ai toujours eu un faible pour les regards reptiles,
Je me croyais immunisée contre les morsures
Cardio-vasculaires…
Prétention ultime du papillon d’ennui
Qui croit avoir séduit le soleil.
Me voilà grillée.
Personna non grata au pays des merveilles,
Les lapins ne sont pas blancs ici,
Plutôt douloureux que colorés.
Alors je tends le pouce, la main, le bras, le sourire…
Et le reste, à qui en voudra.
Poupée de chiffon en promotion sur le bitume,
A pendre au rétroviseur pour ne plus la voir
Quand on regarde en arrière…
Et quand le temps m’aura salie,
Je finirais dans une benne estampillée Bio.
Plus que l’oubli, le recyclage par le vide.
Pour sauver la planète.

Que ce monde me pardonne

Je suis l’oiseau de nuit qui ne sait pas chanter.
Pardonnez mon langage enrubanné de satin noir,
Je le châtierai bien pour vous plaire,
S’il ne me tenait enchaînée par les veines à ce monde…

Le vrai, le cru qui pue la violence et la médiocrité.
Je n’ai pas de haine, pas de colère,
Mais pas d’amour non plus pour ce monde-là.
Je le prends tel qu’il est sans en avoir fait le choix.
Mais je ne le haïs pas car la haine me fait peur.
La mienne surtout, avec son arrière-goût de crime…
Alors si je ne sais pas parler dentelles blanches et fleurs d’azur,
Permettez-moi de dévider le fil de mon mépris sous vos yeux attristés.
C’est ainsi que je garde mon âme au frais.
Pendant que je me carbonise le cœur aux soleils factices des hommes...
Je chausse mes bottes de marbre,
Empoigne ma plume rongée par le fiel de mes pensées ;
Et je couche mes déceptions et mes jugements sans appel sur des pages de lumières.
Ainsi soit-il, l’auteur…

Ainsi soit ma peine en capitales.
Mon destin minuscule.

En vrille

Plante tes yeux de souvenirs au ventre du plafond.
Etends les bras dans l’air absent, et tourne !
Tournoie ! Flamboie, poupée de cendres !
Que tes pieds de bois mort s’entrechoquent en silence !
Les murs sont en lambeaux de couleurs mélangées !
Les poutres s’enchevêtrent en spirales chahutées !
Et ton cœur…
Ton cœur remonte dans ta poitrine !
Il faut tourner plus vite sur toi-même, sur la haine,
Pour extirper ce mal qui te consume ;
Cet embryon sans nom qui ne veut pas grandir,
Ce fantôme méprisant qui te hante la raison…
Plus vite ! Plus vite le tourbillon, la déraison !
Jusqu’à la vraie démence !
Celle qui égorgerait ma conscience moribonde sans regret.
L’arme blanche, l’âme pure, larme blanche…
Folie fatale qui lessive les malédictions et pulvérise les prophéties !
Ces héritages génétiques qui nous poursuivent en meutes.
Remous déliquescents qui tournent en boucle en nos tréfonds…
Qui tournent…
Qui tournent…

Mais les jambes lâchent…
Et la vieille enfant retombe,
Comme le couvercle d’un cercueil…
Fatalement…

Le reflet du cyclope

J’écris à cru.
Sans sel,
A même la chair.
Et je regarde le monde sans paupières.
L’orbite à vif,
La pupille vitreuse, vitrifiée par le temps.
Regard miroir fixe et nu, je vois…
Et l’univers me ressemble,
Il ne cligne pas des yeux.
Il ondule sans fin, sans rives…
Rien n’arrête ses vagues linéaires ;
Il absorbe les signes que je lui abandonne,
Et il les pulvérise.
Myriades d’atomes muets qui amplifient son silence monstrueux.
Alors j’écris.
Je rumine mes entrailles d’amertume,
Je récite les entailles du passé,
Je me les grave sur la peau…
A coup de crocs.
Les deux pieds dans le béton armé du quotidien,
Juste avant le grand plongeon,
J’écris.
La machine ronronne,
J’ai encore quelque chose à en dire…
Quelque chose d’informulable peut-être,
Mais ça viendra avec le temps.
Celui dont je renvoie une image difforme
Du fond des yeux.

Je ressemble à l'absence

L’ogresse au visage de lin a prit ma main dans la sienne.
Et le contact sec a submergé ma paume.
Mais je n’ai rien dit.
Parce que je connais ces instants.
Ces contacts fugaces, ces passages obligés…

Baisse les yeux.

Tout là-haut, juste sous la tempête, ses yeux noirs toisent le monde.
Les miens guettent les pierres acérées du chemin.
Et je trottine…
Il ne faut pas que je musarde,
Sur le sol dur qui sonne creux.

Je ne veux pas t’entendre.

Il y a des lumières dans ma tête de cristal,
Des idées malhabiles qui racontent mes rêves…
Des bêtises que je tais aux rayons du soleil,
Que je ne peux vomir qu’au bas de l’oreiller
Qui m’écoute, le soir.

Pas maintenant.

Mais il faudra faire mieux que disparaître !
Il faudra que je lui ressemble.
Et si je me prends au jeu de l’absence,
Je le ferais sans douleurs et sans cris.
Pour ne pas lui ressembler.

Pavlovienne

Coquelicot de papier aux pétales frémissants,
Au soleil de l’été déploies tes ailes rouges ;
Gouttelettes de sang, pointillisme carmin…
Parsemant l’horizon, habillant toutes ces routes
Où je promène mes souvenirs
En laisse de nostalgie.
Pavlov et moi,
Main dans la main,
On se raconte nos regrets…
Car si les chiens savaient écrire,
J’aurais un collier étrangleur
Sous le sourire.

La ville et moi

Se laisser envahir par la musique de la ville ;
Aller boire le carbone des gaz aux lèvres du bitume…
Et se pendre au cou des boulevards en costumes gris.
Leur raconter mes balades en solitaire au long de leurs artères.
Leur chuchoter le flot de mes pensées divergentes, divagantes…
Et leur dire, vaguement, qu’on n’échappe pas aux multitudes.
Leur faire l’exposé fébrile des causes excusables de mon addiction
Au béton.

Mes regards plexiglas se brouillent au petit jour.
Les IPN de mon squelette ploient sous la chair…
Et mes fondations sans fondements s’enlisent sous les conseils…
Alors je m’injecte à la cité,
Transfusion d’inepties qui palpitent sous le coton,
Que l’unité réchauffe,
Que le ciment coagule…
Je retourne aux seins de plâtre de ma mère,
A ses pupilles néons,
A ses enlacements suburbains où je trace
Les lignes de ma vie jusqu’au point mort…
Je me parfume aux relents plastifiés des marchés couverts ;
Entre deux soleils nocturnes, je disparais…
Avalée par la nuit métallique,
L’asexuée qui trimballe ses rivières de lumières,
Ses breloques scintillantes, ses solitaires au sodium…
L’escort girl des errances nyctalopes fait dans le clinquant ce soir.
Je remise mes angoisses chez cette vieille pute aux sourires coulissants ;
Et je retourne vers l’autre,
En ver qui anime sa carcasse méprisante…
La madone aux passages protégés grouille de mille vies mortifères.
Notre sainte mère la vile.

Allo ?

Au bout du fil une chanson…
Celle de ta voix qui va et vient.
Celle de ton souffle qui caracole
En vagues moites et vibrations tendres
Et tentantes…
Oui je suis là.
Oui je t’écoute…
Oui j’imagine…

Les images de toi courent sur le réseau ;
Pour venir rosir mes pommette
Et m’étouffer de manque…
Mais je te vois mon ange,
En mots d’amours tu te dessines
Sur les portes closes de mon corps.
En lueur d’ambre tu illumines
Mon intérieur…

Le dénivelé du plan

Aux portes de la 22ème dimension
Les files d’attente sont faméliques
J’ai failli me faire ronger la patience
Et j’y ai perdu deux doigts de misère pour le coup…

Tes moments de répit tournent court
Aux aiguilles fluorescentes de mon horloge atomique
Horloge interne of course
Celle qui œuvre en sourdine à m’user la candeur.

Boulevard des labyrinthes parallèles,
J’ai guetté ta venue, fébrile…
Mais les escalators ne descendent plus jusqu’ici,
Ils ne font que monter au-dessus du vide.

Mon plan astral penche vers haut
Mais j’habite ce pléonasme
Loin de tes érections cérébrales
Qui sodomisent mes certitudes.

La voûte sacrée s’est fissurée,
Sous des assauts d’amour-pilon
Le fond de mes pensées, tannées
S’en voit plus lisse aux entournures…

Je ne serais jamais assez beau pour toi
Et tu ne seras jamais assez belle pour ça ;
Qui est la plus folle des deux
Dans ces autres mondes que l’on partage ensemble ?

On devrait les visiter plus souvent
Tu ne crois pas ?

Ce que je répondrais...

« Je n’écris pas pour être publiée, non !
Et je n’ai aucun talent, je le sais.
Une page écrite pour s’épancher…

Deux ou trois lignes pour s’oublier…
Et se réinventer une vie de chimères.

Mixer les bruits et la musique du quotidien,
Oublier qu’une âme sans aléas n’est rien.
Triturer ses névroses pour en extraire le jus ;
Sirop d’errance mentale, contrepoison des jours…

Je renie l’ambition qui m’a créée
En me drapant d’humilité.
Ultime effort de mes espoirs

Désespérants…

Etre ce personnage comblé d’orgueil
Gavé d’aventures, insensible aux ruptures
Obligatoires… »

Arrêt au pore


Je voulais écrire de la poésie,
Mettre ma vie en musique sans en entonner l’air.
Alors j’ai écouté, j’ai regardé et bien retenu les leçons données par mes pairs…
Alexandrin doit avoir douze pieds pour marcher droit et fier ?

Alors j’ai compté et j’en ai fait des pieds et des mains,
Parfois heureuses, souvent foireuses ;
Le poker véreux des vers heureux voyait mon jeu à chaque tour…

Mais je remettais le couvert,
Grattant le papier entre deux verres,
Mouillant la chemise, la veste et ses revers ;
Courant de Naples à Vancouver,
Certains me susurrant : »Va ! Persévère ! »,
D’autres me reluquant de travers.
Les puristes en soutanes sévères,
Me fustigeaient à mots couverts.
Je me noyais au fond des verres
Des cabarets en mal d’hivers…

J’ai donc arrêté de courir après la divine poésie.
Car je n’avais pu concilier métrique et dyscalculie.
Aussi je laisse les mots courir au long des secondes de ma vie ;
En vrac, parfois, en prose libre ou en sanscrit…

Je suis un radeau gris médusé dans le brouillard ;
Je ne peux que rejoindre le pore qui suinte sa liberté sur le derme tourmenté d’un océan de règles…
Les ports ne m’intéressent pas, ils sentent le poisson mort ;
Et je préfère le poison qui tue les vivants.

Station République

Qu’est ce que je fais là ?
Mais où ?
Le métro… Station République.
Quel jour sommes nous déjà ?
Le dernier ?

Ah oui ça y est je me rappelle.
Toi, elle.
Non, je ne veux pas me rappeler.
L’image est monochrome déjà,
Ton corps luisant,
Son corps vibrant…
Ces bruits qui me tailladent le cœur,
Ces gémissements qui me figent le sang.
C’est toi,
C’est elle.
A ma place, dans ces draps, dans tes bras…
Je suis l’apparition,
Le flash qui vient interrompre l’instant.
Double regard interdit,
En équilibre entre la surprise et la stupeur.
Juste au dessus d’un torrent de honte,
Juste au devant de la fin…
Posé sur un silence abrupt.

Au secours !
Qu’est-ce que je dois faire maintenant ?
La porte, le couloir, le hall, la rue !
Et… Et le métro.
Le métro… Station République.

Je vais perdre l’équilibre,
Ça tangue dans ma vie.
J’ai le mal de mer je crois…
Des courants d’air plein la peau,
Un gouffre entre le cœur et le foie.
Et ça résonne là-dedans,
Ça gueule des mots incompréhensibles
Mais douloureux…
A en crever…
Se laisser momifier de l’intérieur,
Voilà ce qu’il reste à faire.
Partir en poussière au prochain courant d’air.
Pendant que tous ces cons courent à leur perte
A leur tour…
Ça doit faire mal une rame de métro en pleine tête,
En pleine douleur,
Station République...

So long cow-boy

J’ignorais qu’un courant d’air pouvait brûler.
Merde.
On ne m’avait pas prévenu.
J’ai entendu la brise chanter le tonnerre,
Je croyais connaître la chanson.
Et j’ai découvert le bruit d’un os percé.
Le craquement fugace…
Net, sans douleur.
Un goût métallique en bouche,
Fuite de cerveau vers le Larynx…
Et le sol qui broie les genoux,
Instantanément.
Là, les connexions se réaniment.
Et il fait froid sous mon Stetson…
Une vibration qui s’éternise
Tambour de guerre à l’agonie.

Comme une allumette calcinée
Mon corps s’arque vers la poussière
Ma volonté
Mon cigare
Mes lanières
Viennent s’y écraser amères…

La bouche entrouverte sur le sol
Où je me répands, stupéfait…
Je goûte à la rue vue d’en bas
Sans le vouloir car elle s’infiltre.
Vague impression d’avoir mal à la fierté,
D’avoir raté quelque chose,
L’instant peut-être…
Et le reste du monde qui ralentit.
Des voix s’éloignent mais on s’approche,
Une Santiag retourne ma carcasse…
Et le soleil me fait un signe,
Mais je ne peux plus fermer les yeux.
C’est peut-être ça finalement
Le paradis des cow-boys…
Un goût de sable et de soleil sur un fond salement bleu…
Et puis la nuit.


Il fait sacrément froid dans c’saloon…

Je ne peux pas

Il semblerait que la vie ne soit faite que de cela…
Non-dits de préservation,
Marches arrière précautionneuses sur chemin de braises fumantes.


On sait ce qui fait mal
Et faire mal, Sali.
On se veut propre et lisse,
Alors vite, on recule.


Et là on s’évertue à relativiser la cruauté des choses.
Parce que si c’est si dur à dire,
Ça doit l’être à entendre…


Et toujours cette idée de détenir le vrai
Tout au fond du tombeau de la franchise.
Et toujours l’intention,
Et jamais le courage…


Jusqu’à l’obsession,
Jusqu’aux brûlures acides des mensonges putréfiés,
Pétris de bonnes intentions.


Mais comment pourrai-je te dire
Ce que je ne pourrai pas entendre ?

Enchanter sous la douche

Laisse glisser tes tissus, tes soucis,
Tes rendez-vous manqués,
Tes regards calculés,
Les bruits remixés du jour,
Les vides remplis d’attente,
Les souffles fétides et hiérarchiques…
Laisse les tomber sur tes chevilles,
Dégringoler en cascades soyeuses
Le long de ton corps primordial…
Je t’accorde un instant au nom des vanités,
Pour admirer ou haïr tes courbes de femelle,
Quand enfin elles ne sont qu’elles.

Mais déjà je t’attends,
Hypnotisé,
Je ruisselle de chaleur,
De mousses et de détours…

Derrière tes premiers frissons réflexes,
Je tire un pan de polyuréthane ;
Papier cadeau étrange se refermant sur mon envie.
Un baiser au passage pour goûter cette épaule
Qui ondule sous mon nez, devant mes yeux plissés…
La gorge et la nuque m’attirent, elles aussi
Mais je retiens l’élan qui pourrait te faire fuir…
Car déjà tu t’évertues à expier les heures,
A effacer leurs traces de tes recoins secrets.
En souplesse, en douceur,
En gestes ronds,
Précision salvatrice…

Absent,
Je regarde l’écume parfumée,
Myriade de micro bulles vanillées
Qui nonchalamment, vont là où je n’irais jamais…

Et là tes yeux de mois de mai,
De leurs lueurs d’enfance, de cerisiers en fleurs
M’envoient d’un battement d’aile détrempée,
Un signal.
Celui que j’attendais sans doute,
Sage et discipliné au bord de l’implosion…

Un Diésel s'il vous plaît !

Du fond de ma tasse de café,
Du bord sale de ce cendrier,
Je regarde passer mon enfance
Et moisir mon adolescence…

Il y a ce tabouret trop haut pour moi,
Ces vittel-pêche, ces chocolats…
Ces drôles de copains de papa
Qui avaient l’alcool dans la voix.

Ça sentait l’œuf dur et l’anis,
Ça fumait des gitanes maïs,
Ça crachait gras sur la police !
Et ça rêvait de belles en cuisses…

Les mains grises cognant sur le zinc,
Les « tête de con ! », les « baltringue ! »…
Les cabines qui cachaient des flingues,
Et les gammas dans les seringues.

Les anecdotes, les histoires,
Assez énormes pour y croire ;
Remorque braquée dans la Loire,
Evaporée dans le brouillard…

Et l’auto-stoppeuse mythique,
Bardot aux attraits atomiques.
Toujours radieuse et sympathique,
En mal de leçons érotiques…

Les dés tintaient sur le tapis,
Se cognaient aux verres de baby ;
Glaçons dansant dans le whisky,
Dans la chaleur et dans le bruit…

Trois heures au troquet à tuer,
Tout ce qui rappelait la journée.
A s’imaginer retraité
Sur une plage aux vents salés…

T’en souviens-tu dis moi, papa ?
Ils sont en moi ces moments là…


C’est à cause d’eux que j’aime l’odeur du bitume chaud, du diesel, de la peinture et du bois coupé. C’est dans tous ces visages, ces bruits, ces voix, que j’ai grandit avec toi. Toi et moi dans ton univers. Tes grosses mains sur le grand volant, j’ai regretté souvent de n’être qu’une fille…

Tu me sers deux vers

Tu me sers deux vers, un pour la soif, un pour la rime…
Je m’embellis le quotidien en découvrant ce que tricotent
Tes neurones.Tu trempes ta plume dans le caniveau,
Tu embrasses, tu baises…En ville ? Je biaise
En vrille le quotidien.Tes
alchimies,
douceurs
verbales,
Redressent
ma barre
D’icônes
d’espoirs
rouges.
Je bois
tes mots,
Sans fin, sans soif…
Abreuves-moi
encore de tes
liqueurs d’éther,
Laisse couler le flot de tes caresses grammaticales,
J’ai l’oreille désertique, le cœur perméable et l’âme hydrophile.

Silence...

Extérieur nuit.
Je rembobine
Je me repasse
Les rushs de nos clashs trashs.
Juste avant le crash,
Juste avant l’aube…
Derrière l’écran de mes paupières closes,
Sous la douleur
Sous la brûlure
Sous cette peau bleuie par l’amour,
Caressée, touchée, palpée, frappée
De stupeur, d’infamie…
Flétrissement fugace
Sous les projecteurs aux regards crus.
Je surjoue
Je récite le bonheur à midi,
Je supporte la douleur à minuit…
Et je soudoie ma volonté à coups de promesses naïves.
En écho aux souvenirs qui me collent au talon d’Achille…
Pop-corn, chocolats glacés ?
Le soir comme un clap de fin
Sans happy end.
Un levé de rideau avant les trois premiers coups
Et avant les autres…
Demain matin, il fera jour sur la scène des sentiments.
Se grimer comme par réflexe,
Lunettes noires et arnica
Presque une star
Proche du coma
Pour cacher « ça »
Pour être à toi.
Douloureusement…

Générique de fin
Lumières !
Exit…

Que...

Tournent les carrousels !
Murmurent les trottoirs usés…
Dorment les statues de pigeons brocardées…
Boivent les clodos aux passés emmurés !
Pleurent les accordéons,
Les bouquinistes,
Les chambres de bonnes,
Les pavés…
Le vieux Paris se meurt depuis longtemps déjà…
Et son Hémophilie m’entraîne
M’enchaîne,
Me draine…
Panam’ tu coules en moi, tes flots lourds me vidangent l’âme…
Et j’ai mal de te voir ainsi agoniser,
Au pal du temps qui lasse,
Au bûcher incohérent
De la modernité.
Toi l’Himalaya des solitudes,
Dernier bastion des suicidaires,
Là où l’on meurt de ne pas mourir
Et où respirer n’est plus vivre
Mais seulement avancer ;
Plus vite, plus loin, plus longtemps que le voisin.
Celui qu’on croise comme un doigt de la main,
Sans y penser, sans le regarder…
Sauf quand la chance manque d’opportunités,
Quand le célibat se fait trop laid,
Et l’isolement socialement incorrect.
Le vestiaire du club Palpitant est vide
Comme les artères de la ville sont pleines…
Pleines de sens,
De sang,
De 100 mille et un crève la faim, crève l’amour, crève la misère.
Et moi. Moi qui crève d’envie de toi, Paris.
Et je me dilapide sur les toits, ruisselle dans les gouttières,
M’échoue sur les cadavres des pigeons de Fabien,
Parisiens…

Te rater

Une belle histoire qui passe,
A faire sonner les pianos bastringues
A me faire regretter certaines virginités…
Une belle rencontre ratée,
Comme un wagon lut dans un roman de cuisine,
Ces aventures empestant le courage d’êtres forcément à part…
Deux questions posées en même temps dont on ignore les réponses,
Involontairement ou pas…

Il y a tellement de bruit entre mes oreilles,
Comment t’entendre ?
Me crever les tympans au fer rougit de la vérité,
Peut-être…
Cent doutes, mille,
Un million de larsens qui se télescopent,
Les néons des peep-shows grésillent
Au fond de mon crâne aux ambiances glauques et acides.
Relent amer de Jazz en fond de verre ambré…
La poussière, ça pique le nez,
La grise comme la blanche ;
Et ça ruine les portraits, les dimanches à la campagne…
Ça donne un goût métallique aux rêves
Et ça finit là où ça n’a pas commencé…
Dans le calme.
Le calme blanc aseptisé et asexué ;
Non les infirmières ne sont pas des femmes ;
Juste des créatures tentaculaires
Qui dégainent des paroles stratifiées et des instruments de tortures
Plus vite qu’elles ne respirent l’empathie.
Les blouses trop blanches me font froid au ventre.
Où sont cachées les tâches de sang et autres humeurs ?
C’est pas normal… ça me fout les jetons…
Comme toi.
Tu es trop pour moi pour être honnête.
Trop vivant, trop lucide, trop lumineux…
Je préfère penser que je t’ai raté,
Au profit d’un connard inoffensif.
Un que je ne regretterais pas.
Un, pas comme toi.
Un… Comme moi.

Sonia

Une poignée de lettres oubliées là…
Un tout petit nom,
Pour un toute petite fille.
Cachée tout au fond,
Terrée sous ses angoisses,
Emmurée entre ses espoirs ;
Travestie en femme par dépit,
Ruminant une tendresse neurasthénique,
Illusoire…
Vidant son sac à malices percé
Sur des kilomètres de lignes.
Pour s’alléger le moral,
Se délester du passé.
Pour courir plus vite vers le bonheur…
En le redoutant…
Parce que le plus effrayant
C’est ce qu’il y a après.
Et s’il n’y avait que moi ?

Ronde

J’ai bu, oui…
J’ai bu chaque goutte de sueur perlant sur ta nuque.
Pourquoi dormir quand on peut se boire ?
Se voir tanguer au bord du lit,
Abandonner sa langue au long des veines mauves…
Et flatter ses narines de volutes voluptueuses,
Invisibles félines,
Irrésistibles,
Bestiales…
Redevenir loups
Et s’entre-dévorer.
A coup de croc énamourés,
A coup de reins ensorcelés ;
Le pied au fond de l’abysse et le regard au ciel.
Au-delà des portes de ma bouche, un souffle incandescent
Te brûle paon de nuit…
Et tes ailes incendiées nous entraîne au-delà de l’au-delà,
Toujours plus haut au cœur de l’éphémère…
De dimensions en dimensions,
De plan horizontal
En plan astral,
Je me perds, je m’oublie
Redeviens Terre et nuit,
Soleil noir,
Ventre de pluie…
Et soudain,
Je jouis.

Leçon de choses

Prendre des notes
Pendant que la vie me fait la leçon.
C’est ce qu’on m’a apprit en classe de mère ;
Mais je n’écris pas assez vite,
Ou bien je n’ai pas le bon stylo,
Je ne sais pas…
Je n’ai pas révisé les règles de base du bonheur impératif.
Je devais être absente ce jour-là,
Une mauvaise grippe ou la fièvre au corps…
Encore…
Je n’ai pas remplis mes devoirs,
J’aurais sûrement un zéro pointé
Sur l’infini.
Et je ne passerais pas en classe supérieure ;
Celle des grands,
Ceux qui savent tout.Je resterais chez les petits,
Les paresseux,
En dilettante.
Toute une vie de pages blanches
Raturées,
Entachées…
L’éternité au coin de mes erreurs,
Vous me copierez dix millions de fois :
« Je dois écouter ce que me disent mes pairs ! »
Et ma mère aussi…
Je ne dois pas me laisser influencer par cet organe vital :
Nom masculin, organe musculaire,
Moteur de circulation sanguine.
« Et vous irez dans le bureau du conseiller d’éducation logique et national.
L’éducation sentimentale n’existe pas, c’est une légende mièvre,
Une formule romantique qui ne servira pas vos ambitions ! »
Quelles ambitions ?

Le regard de Clara

Bourrasque de flammes noires et fières
Au fond des yeux de Clara…
Promesses d’un avenir impétueux de pureté,
Graine d’ensorcellement,
Elle dansera sur le vent,
Et sur ses traces d’envoûtant elfe noir,
Les hommes iront mourir
Suppliciés d’amour…

Ici et maintenant

Pieds nus j’avance
Douce braise, silence
Pluie de lumière
Froide atmosphère

On m’injecte le sommeil
On m’inocule l’alchimie
Je pousse aux cieux un cri vermeil
Je touche du doigt l’infini

Chairs distendues
Cher attendri
Peines perdues
Aux pieds du lit

Pour être femme je paie ici
Le prix du sang, de la douleur
Pour être mère je laisse aussi
Parler mes reins, hurler ma peur

Ses mains à elle,
Ses mots à lui
Comme irréels
Cherchent la vie

Elle est ici, au fond du corps
Au fond de ces abysses chaudes
Derrière ce rideau qui se tord
Après ce mal qu’on galvaude

Dernière poussée
A en mourir
Première criée
De l’avenir


Il est ici maintenant.

Hot

Révolution pernicieuse
Tendre démon des muqueuses…
Suintantes, huileuses,
Salées, joueuses…

Tumulte des gestes androgynes,
Qui cherchent et trouvent l’origine ;
Le cœur brûlant, le nid du vice
Le feu qui coule des orifices…

Odeur de musc, effluve fauve.
Ouvrant les cuisses sur l’alcôve,
Mets-y un doigt, mets-y la main
Insinues-toi dans mes satins…

Sois frénétique, incandescent !
Sois hérétique et turgescent !
Ton pilori pour m’y clouer,
Et ton méat à embrasser…

Je rêve les yeux ouverts
Je respire l’éden, l’enfer.
Langue de feu, de vipère
Parle à mon corps, à mes viscères…

Martèle mes désirs en fusion !
Nourrit ma peau de l’éruption !
Pour boire cette lave qui jaillit
Je veillerais toute la nuit…

Visites-moi de tous côtés
Prends possession de mes années,
Soumise au gré de tes élans
Ecartelée sous tes talents …

Allons au bout de ces délires
Vingt mille allers sans revenir
Toujours plus loin et plus profond
Crevons la nuit et l’édredon…

El Dorado

J’ai une enclume dans la poche,
Comme un fardeau, une anicroche…
Un ragoût lourd à digérer,
Un dégoût glauque et prononcé.

Je traîne mon cul jusqu’au parloir
Où jamais personne ne vient voir,
Les cicatrices de ma figure,
Le mal qui suinte aux commissures…

Je suis en pension dans ma tête,
Et en prison sur ma planète ;
Au fond d’un panier d’une brocante,
Le truc dont personne ne se vante.

Alors je mens, je me maquille
A l’entrée du monde, je resquille ;
Mais à mi-chemin dans l’escalier,
Vers quel palier vais-je me tourner ?

Privée de mère pour me guider,
Et sans père pour me protéger,
Dans quelle direction regarder ?
Funambule au fil incendié…

De tessons de verre et d’acier,
De larmes de fiel, de fumées,
Je tisse des ailes anémiques
Au creux des mes reins faméliques.

Pour arracher mon corps en prose
A mes regrets, à mes névroses ;
Pour effacer les ecchymoses,
Me réfugier parmi les roses…

M’ensevelir sous leurs parfums
Me réfugier sous d’autres reins
Et m’alanguir au cœur des flots
De ton regard el dora do…

Après moi

Quand tu m’auras quitté pour d’autres attitudes ;
Que mes regards de larmes se crèveront au pic de ton mépris ;
Quand tu seras lassé de gommer les bleus de mon ego,
Fatigué de réparer ce système dépressionnaire plein de fuites, de courants d’air !
Toujours à rechercher le point d’usure pour y coller tes rustines d’amour…
A donner des réponses aux questions qui n’en méritent pas,
A repeindre mes spleens intimes d’une énième couche de tendresse surannée.

Tu comprendras peut-être…
Peut-être…

Tu reconnaîtras le coupable au tribunal du désespoir.
Ce clown gris en robe de bure…
Ce petit soldat au cœur de plomb,
Cette poupée de papier qui te refusait ses sourires fugitifs.
Ce n’était que moi mon amour…
Pas celle que tu croyais voir à travers les brumes de la vie ;
Juste une toxico du manque aux veines comme des puits sans fonds.

Peurs nocturnes

Les jeunes enfants pleurent souvent au moment du coucher…



Que ne suis-je silence pour m’éteindre en bouche ?
Et que restera-t-il de moi au bout des heures de lumière ?
Le vide de ma psychose résonne ;
Creux…
J’ai tranché les phalanges et rongés tous les ongles
De la nuit qui m’enlace et m’étrangle sans bruit.
L’obscurité, vapeur, condensation d’ennui
Se répand sur ma peau, pénètre mes angoisses…
Névroses écartelées qui hurlent au vent du soir.
Et j’ai mal.
Ferme les yeux et chut… La nuit porte conseil.
Et elle porte en son sein des horreurs pantomimes,
Les rêves avortés, les serments sans retour…
Au prix de gros elle vend les organes de l’amour,
Pour transplanter des anges momifiés dans l’extase…
Et j’ai peur.
Calme toi, respire à fond…
Ça sent l’éther ici… Ou le formol ?
Le cul posé sur l’autel d’Albâtre, je dialogue avec mon cerveau.
Il flotte, stoïque, dans son bain jaune ;
Faisant des bulles acides à chaque pensée trop pieuse.
Les ténèbres de glace m’ont avalée sans mal,
Mes griffes se sont plantées dans le derme fuyant.
Le sourire de la nuit tintant comme une alarme,
Ne m’a empêché de dormir…
Ni de mourir…
Finalement.

Perdue dans la lumière

Etranglée d’envies tentaculaires,
Ecrasée sous le poids des mots de trop,
Je passe par mon cœur pour m’ouvrir les veines ;
Et je répands sur le papier
Les hurlements bleus,
Les rancunes empourprées
De mes nuits discordantes.
Les entrailles sous pression,
Mon corps se fait sismique ;
La bouche comme une soupape,
Ultime rempart à mes déboires…

Fureur volcanique qui se liquéfie au creuset de la raison,
Perle au bord de mes cils calcinés…

La logique s’éparpille aux quatre coins du jour,
Et je ramasse les miettes de ce qu’on m’a apprit.
Ne pas baisser les yeux,
Ne pas cracher sur Dieu,
Rester fidèle à ses promesses,
N’être que ce qu’on attend de nous ;
Et ne jamais tomber à genoux,
Même par amour !
Nuée de préceptes à doubles contraintes
Contradictoires…
Mais ta lumière,
C’est l’oubli…

Passagère de la folie

Les yeux béants, à s’en dessécher les pupilles.
Mandibule serrée, à se faire éclater l’émail.
Un cri distordu de débat en fond de gorge.
L’eau salée, amère qui suinte du fond des pores.
Le corps n’est plus qu’un muscle
Fil raide de la raison funambule.
Le cortex en surchauffe,
Et le palpitant hystérique,
Renvoient l’être au néant
D’un apprentissage illusoire.
Par saccades électriques
En salves névrotiques.
Les montagnes russes,
A cheval sur un Beretta.
La marelle de l’enfance,
Sur le toit d’un HLM.
Indigestion de bonbons roses et blancs
Pour faire rimer Tranxène et rhum de Cayenne.
Et s’enrouler, au chaud dans sa BM,
Contre un pilier de béton…
Désarmé…

Je ne t'attends pas

Allongée sur mon lit,
Les fesses en étendard,
La Lune me sourit
Entre deux rideaux noirs.

Je caresse d’un doigt mes lèvres paresseuses…
Bascule un peu la tête pour inonder mon dos,
D’un flot de mèches brunes, sauvageonnes, joueuses…
Comme un battement d’aile effleurerait ma peau.

Pas de pensées hostiles
Assaillant mon humeur.
Le temps se fait servile
Et va courir ailleurs.

Je déguste l’instant statique et savoureux ;
Ce vide où s’abandonnent et se noient les névroses.
Ces minutes fantômes, de glaces et de feux.
Ces torpeurs angéliques, vers quoi tend chaque chose.

Ton entrée dans la chambre,
Ta bouche sur mes reins…
Mon été en novembre,
Mon prince souverain…

A nous

Il tenait mon corps d’enfant contre le sien,
Il criait aux chevaux d’ouvrir le ciel,
Le vent m’aveuglait de sa lumière,
Les mains nouées à la crinière de lune
Je fendais le couchant Camarguais
De mes prunelles de vierge noire,

Buvant la voix du père qui m’emportait
Vers sa liberté,
La nôtre…
Son parfum de soleil tiède,
Ses mots de tendresse nues,
Et ses rires détonations !

« Rien de ce que tes yeux peuvent voir ne t’appartient fillette,
Rien n’est à toi….Mais tout est à nous ! »

Peau de secrets

Une peau de bête palpite entre mes cuisses nues.
Deux ou trois kilos d’instinct aux contours de velours…
A elle seule, je permets de dormir en ces angles,
Recoins intimes semblables aux siens.

Je suis animale et sereine…
Mammifère apaisé, dompté.

Un chat en apostrophe aux secrets de mon corps,
Pose sur mes travers son regard vertical.
En clone de ma conscience,
Sans l’entrave de la moralité ;
Sans l’affront du jugement,
Sans cynisme,
Sans futile humanité…
Compagnon de non-dits,
Gardien des tendresses sans retour attendu,
Œil acéré aux gestes tranchants et souples,
Tes jeux au goût de sang sentent le musc, le lait…
Et tes griffes sur la peau
Tes crocs au pic des os,
Ne sont pas jeux de guerre
Mais tendresse fauve… Et fraternelle.
En poussant une grille,
En entrant dans une boutique,
Sur un trottoir luisant,
A l’entrée d’un appartement empestant l’eau de javel.
Dans un carton sur un parking…
Je me suis offert une sœur, un frère,
Cinq ou six fils, deux ou trois filles…
Enfant d’une autre espèce
Un partenaire, un confesseur.
Interchangeable au gré des morts,
Des pneus radiaux, des anti-pluies ;
De tous ces aléas humains
Qui brisent vos crânes triangulaires
Repeignent l’asphalte de vos chairs.
Quatre vies de chat pour une vie d’homme,
Evaluation moyenne.
Mais si le félin avait une âme,
L’humanité entière y aurait une place…
D’atome,
Uniquement.

On va à la plage ?

Dune vivante et comateuse
Qui sombre, pensive sous le soleil…
Il y a le vent pour aérer
Mes fomentations confinées.
Toutes ces haines que je rumine,
Tous ces incendies que je couve,
Misanthropie récurrente
Qui pisse sur les lendemains qui chantent.
Les gens sont laids sur la plage,
Ils m’enlaidissent à l’intérieur…
Mes remparts de sable s’effritent
Sous tous ces regards d’esquives.
Les yeux tournent dans leurs cavités
Pour éviter de s’attarder sur une portion de cellulite
Ou sur deux tétons trop hauts perchés…
Et mes prunelles noires dérangent
Quand elles décortiquent les complexes.
Mais ce n’est que ma laideur que je retrouve
Sur cet étendard rouge et or
Mes milliers de névroses qui s’étalent
Sur tapis d’éponge bariolée…
Avec un peu de sel, l’été vient les assaisonner…
Et en dessert je reprendrais un peu de salmonellose en cornet
Pour deux euros, pourquoi se priver ?
La mort fourrée au monoï
Qui se tartine d’huiles urbaines
Sourit…
Mourir en septembre d’un stigmate de vacances
Pourquoi pas ?

Pas grave

C’est pas grave petit frère…
C’est pas grave s’ils ne t’aiment plus, eux.
Je reste là moi.
Tout à côté.
A l’autre bout du réseau, dans un coin de la toile.
Comme une araignée psychédélique
En bas de laine rose et vert pour te faire rire.
En bas de chez toi pour un sourire.
L’oreille pointée vers le cap Canaveral de tes délires,
Le regard levé vers la lumière de tes amours.

Bien sûr qu’aimer est un sport extrême ;
Bien sûr qu’aimer un homme fait mal.
Les aimer tous, c’est être fou.

Mais au-delà de la démence, il y a nous.
Toi petit prince au petit pois et moi…
Moi pour te comprendre
Moi pour t’entendre…
Et pour admirer tes bonheurs,
Partager tes coups de cœur
Et panser tes désespoirs.
Jusqu’au chevalier en armure de sky blanc
Qui t’enlèvera vers cette plénitude ;
Cette paix monogame,

Celle qui n’a pas de sexe,
Pas de complexes.
C’est si simple finalement.

Papier de soi

Glisse ta force entre mes ailes et mes pudeurs
De marbre sculpté, je resterais
De morale drapée, je frémirais
Peut-être…

Mais sans jamais céder sous la mitraille
De tes gestes violonistes,
De tes promesses d’abandon
Jamais…

J’ai regardé l’éternité en face,
Elle a une sale gueule sous le fard.
Elle me ressemble,
Quand je doute…

J’ai vendu ma peau de chagrin
Au marché aux plus
Plus de temps, plus d’amour
Pour trois fois rien.

Et puis quoi encore ?
Moins de souffrances prévisibles
Moins de déceptions nauséeuses
Moins de moi.

La morale de l’histoire
Est froissée, faussée.
Je ne la réécrirais pas
Encore une fois.

Merci de m'oublier

De ces moments, ces parenthèses,
De ces lieux-dits où l’on s’aimait ;
De ces odeurs de crème anglaise,
Je n’emporterais rien après.

Je ne veux pas me souvenir,
Je ne veux plus réinventer,
Les mots qui bordaient tes sourires,
Ta peau sous mes lèvres envoûtées…

En cet instant j’ouvre la bouche…
Et la fin s’apprête à jaillir…
Je suis la cime et toi la souche
De cet arbre mort qui chavire.

Sois attentif encore une fois,
C’est la dernière, c’est l’ultime…
Je ne t’aime plus, crois-moi.
Oui c’est cruel, oui c’est un crime.

Mais ne pleure pas, reste digne.
Je ne veux pas de tes regrets.
Garde ton regard sur la ligne,
Et trouves-toi d’autres secrets…

Car je suis de celles qu’on oublie,
Toi, de ceux qui ne laisseront,
Qu’une impression de belle nuit,
Qu’un son de voix, un prénom.

Myriam et Mélanie

Pétales de bouches roses,
Arômes alchimiques,
Pour un baiser sculpteur de promesses,
En sourires, en regards
Agates mutines bariolées de désirs
Qui dansent, s’entrecroisent…
S’entremêlent en dimensions corporelles, sucrées…

Mélanie aime les mains de Myriam
Quand elles dessinent des ailes roses de sa nuque à ses reins…
Quand elle modèle son corps en cariatide d’albâtre
Dressée de toutes ses pointes dans le sens du plaisir…

Myriam aime les murmures de Mélanie
Quand ils résonnent des abysses de son corps
Sanctuaire aux profondeurs interdites ;
Quand ils se font feulements de terres brûlées…

Courbes vipérines aux ondulations précieuses,
Entrelacs de frissons, de vertiges ascensionnels ;
Myriam et Mélanie,
Miroir à double face,
Reflets en fusion,
Pour une faim d’amour unique.
Deux pour n’être plus qu’une
Sur l’autel des différences.

Le monde et... Toi

Sur les rives d’un fleuve endormit entre les racines du temps…
Sur la pente rousse de tes reins parfumés de regrets et d’absence…
Sur l’air d’un blues qui suinte en silence le cajun et le bayou…
Je glisse.

Dans les profondeurs abyssales d’un rayon de soleil au plafond…
Dans les méandres veloutés de tes cheveux délivrés de mes mains…
Dans l’attente de l’arme, la larme qui inondera nos dernières heures…
Je sombre.

Quand la terre délivre les mystères de ses profondeurs ocrées…
Quand à genoux, je m’enlise dans le béton du piédestal…
Quand les flashs de tes yeux crépitent pour d’autres…
Je m’éteins.

Le monde ne sera jamais aussi aveuglant que toi.
Le ciel ne sera jamais que leur paradis privé.
Le reste n’est que fumisterie.
Je t’aime.

Mal

J’ai mal au ventre,
Mal aux projets,
Mal aux envies.
J’ai échangé un bout d’espoir
Contre cent lignes de nuits
Blanches,
Grises,
Vides.

Sous tes regards cicatriciels
Il y a « avant »…
Sous mes paupières gonflées de sel
Il y a du sang.

Mes traumas en pelotes,
Coincées entre le cœur et la réalité
Courage ma fille,
Encore un peu d’air à vomir !
Encore un peu de change à donner…
Monnayer tes rêves en devises amères
Et encaisser,
Une nuit de plus.

Alibi

Derrière l’excuse de l’amour
De l’art.
Il y a les névroses du jour,
Bizarres…
Incohérences systématiques
Puériles.
Se masturber l’ego, mystique…
Facile.
Regarder l’autre dans la pupille ?
Plus tard…
Pour toutes ces raisons qui croustillent
Plus tard…


Plus tard, je serais grand.
Plus tard, j’aurais le temps.
Plus tard, comme un alibi réflexe…
L’intégrité de l’être est en leasing,
Et l’authenticité de l’art,
En travaux.
Pour une durée indéfinie…

Mais ma patience est débordée,
Je n’ai pas de temps à accorder.
Les places sont chères sur le marché.
Le cœur et le planning serré.
Un rendez-vous sera fixé,
Plus tard ?

Une minute, une semaine, un an
Trop tard…
L’amour de l’art entendra peut-être
Le son de l’autre,
Le bruit de l’être.
Mais, trop tard…

Juste le vent

Tu m’aimes, dos au vent.
Il souffle,
Tu souffres.
Mais je ne suis qu’un courant d’air…

Les frôlements sur ton visage
Et cet air tiède sur ta peau,
Ce n’est pas moi,
Juste le vent.

Cet élan souple qui te soulève,
Et qui affole ton cœur béant,
Ce n’est pas moi,
Juste le vent.

Tous ces parfums qui t’envahisse
Toutes ces caresses, ces murmures,
Ce n’est pas moi,
Juste le vent.

Ces cris muets que tu me lances,
Ces désirs pourpres, ces tendresses,
Seront emportés,
Par le vent.

Ecrire

L’écriture est vampirique.
C’est un besoin viscéral, une addiction perverse.
Les yeux douloureux de ne pas voir les maux écrits ;
Les mains crispées de ne pas tenir les rennes de l’imaginaire.
La nuque raidie au dessus du blanc avide de la page.
L’esprit créatif, vorace, qui hurle aux tréfonds du vide…
Faire quelque chose de tout ça,
Peindre une litanie de mots en deuil,
Obscurcir les lumières fades du quotidien
Toujours un peu plus.
Trier ses tripes sur la feuille,
Ecarter l’anodin ou l’assaisonner de génie en poudre ;
Jeter les sentiments calcinés par-dessus l’autre bord.
Et recommencer,
Encore,
Tous les jours quelque chose à dire,
A écrire…
Quelque chose à imaginer,
A analyser,
A découper,
A taillader…
Et le servir froid, revu et réanimé.
Trop de chaleur tuerait le style.
Le compagnon de misère du fond et de la forme ;
Il faut apprendre à le préserver, l’honorer,
Ce fantôme muet, cet ange gardien attendu.
L’inspiration en panne,
On peut toujours tricher un peu…
C’est beau la forêt,
C’est nul la guerre, le racisme…
Allo le style ? La forme est chez toi ?
Rappliquez dare-dare, il faut que j’écrive un truc !
Vite !
J’ai mal !
Il faut que ça sorte !
Le stylo au fond de la gorge
Penchée au-dessus de la page,
Une ultime douleur, dernier spasme mêlé de sang…
La pieuvre qui dort en mon crâne crache son encre.
Et je peux la lire.
C’est moi ce vide noir qui grouille sur la page.
C’est moi…
Ce n’est que moi.

Dormir encore un peu

La solitude est dans ma tête,
Comme le ver dans le poète.
Le ver solitaire,
Bien sur…
Et l’amertume en fond de gorge,
Comme une angine existentielle,
Une demi graine
De folie.
Comme ce crabe qui m’ébouillante,
Sans hurler, sans rougir,
Je coule.
Je pique du nez…
Ne me réveillez pas !
Pas avant l’avenir,
Pas avant les projets ;
L’insémination de rêves,
Toujours nouveaux, toujours classieux…
A la pointe de la honte,
Au sortir de la banque
Et au bord de ton lit précipice
Ce calice des délices factices,
Je manque de sommeil…
Laisse-moi, laissez-moi
Dormir encore un peu,
Anesthésier ma culpabilité
Dans du polyester chloré
Sous un tombereau d’imprimés japonisants.
Bercée par des cohortes de crooners blancs
Ceux que j’aurais choisis, jugés en tapant un.
Laissez-moi faire…
Switch off
Laissez-moi
Dormir encore un peu.

Des lits de fuite

L’enterrement de ma vide jeune fille
Celle qui repose sous les jonquilles,
Au Nord de l’est du marronnier
Cet arbre qui ne peut plier.
La chute de ses reins sur le bitume
La peur panique qui la consume
Je m’en souviens, je m’en rappelle
Je m’en saoule tiens !...Et m’en râpe l’aile…
Pupilles opaques, esprit absent,
Aux mille flaques de son sang.
J’ai beau freiner des quatre pieds
J’ai éclaté son pédalier…
Sous la berline, une galette
Dans sa poitrine, sa bicyclette…
Après la peur,
Après l’horreur,
Je redémarre le moteur.
Jeté le corps dans la torpeur,
La fille emmêlée au braquet,
Fillette volée, braconnée.
Vite au jardin va te coucher
Sous les marrons, pour oublier…

Toucher le serpent

Si j’avais envie de te toucher
A l’endroit même où tout se cache…
En ces instants où, fatigué,
Ton esprit de ton corps se détache…

La pointe rose de ma langue,
Comme une fraise incandescente,
Irait chercher ton âme exsangue
Dans les méandres de l’attente…

Aux rythmes latins de mes hanches,
J’hypnotiserais le serpent,
Vipère aux anneaux étanches
Cobra au venin grisant.

Pour n’être enfin que pulsation,
Et respiration profonde…
Pour me fondre dans ton abandon,
Et y gémir des phrases rondes…

Pour m’immiscer dans ton sanctuaire,
Et prendre place parmi les anges
Qui habitent ton univers,
Et aux souvenirs se mélangent…

Et si enfin, au point du jour,
Ne demeurait qu’un feu éteint,
Je pourrais danser tout autour
Des flammes d’or au creux des reins…

Bibliothèque

Mes yeux sont vides,
Liquides, avides…
Regard errant
Au long des rangs…

Tout est enfouit au fond des livres,
Tous les jardins, les bateaux ivres ;
Pages cornées à tout livrer
Lignes usées, trop déchiffrées…

Bibliothèque,
Tombeau aztèque,
Ou sarcophage
De tant d’ouvrages ;

Ouvre tes portes, et montre-moi
Tes bois précieux, ouvre tes bras ;
Et apprends-moi les mots du temps
Les cris silencieux des romans…

Inocule-moi les souvenirs,
Lettres suintant le repentir.
Laisse-moi goûter les regrets
Des sans talents, des imparfaits…

Remplit mon crâne de merveilles,
Ecrits d’archanges sans pareils.
Ceux qui pointent leurs plumes aux cieux,
Secrétaires particuliers des dieux…

Mes yeux s’allument,
D’or et de brumes,
Regard plus large,
De pages en pages…

Au secours

Prends-moi la main,
Soulève-moi de ce monde d’éternités calculées…
Arrache-moi à ces espaces frappés d’alignement,
A ces cercles concentriques,
Ces concentrés de solitude en bouteilles recyclables.
Ces mégabits d’êtres humains aux bras vides…
Eclaire les corridors de ma raison aux mille courants d’air ;
Tranche les entraves à mes envies,
Tranche mes vaines attentes terrestres
En milliards d’instants extatiques et silencieux…
Fais taire les cris,
Giclées acides qui rongent les rêves et soudent les chaînes…

Libère-moi de moi !

Indecent colours

Accroche cette peau que tu dis morte
Aux bas résille que je porte…
Pose tes couleurs aux pieds du lit
Je ne veux que tes angles alanguis…
Pour colorer du bout des lèvres
Ces longs prémices aux sombres fièvres.

Du bord des cils je te peindrais
En teintes bleues et mordorées…
Et pour bâillonner tes regrets,
Du creux des reins, te regarder…

De clairvoyance en plaidoyers,
Du fond des yeux t’inoculer
La faim antique et dévorante
Pyromane fauve, hurlante…
Chaleur intense de la matrice
En vagues rouges, en vagues lisses,

Qui font onduler mes postures.
Je guette alors la contracture,
Le signe fixe, rubigineux
Du delirium libidineux…

Juste assez

Je me sens juste assez laide
Pour te regarder
Toi et ta beauté…
Ersatz d’intelligence cardiaque,
Agrégat de raisons pompeuses et surannées…

Juste assez laide
Pour éviter de toucher
Le fond de ton vide.
Et t’empêcher de tomber
Dans le mien…

Juste assez banale,
Pour ne pas avoir
A m’abrutir d’alcool
Quand je veux inventer
Des excuses à l’humanité.

Juste assez folle
Pour m’amouracher d’un fou
Et croire,
A la logique de l’amour

Eternel.

Accusé, levez-vous !

Mettez-moi ça en cellule !
Enchaînez les deux par deux dans le corridor…
En maillon de préjugés,
De justice sans scrupules.
Reliez les crimes aux délits.
Tabassez les arnaqueurs, les dealers
Ecrasez les silences
Sous les vieux annuaires.
Pilez la résistance
Et pliez les fiertés.
Que d’eux rien ne transpire,
Leurs heures sont en sursis,
Ils ne doivent être
Qu’à genoux.
Pour paraître devant moi,
L’immobile,
L’inhumaine née de l’homme.
La pure et intangible,
La sourde,
La vipérine…
Pieuvre ambidextre, épileptique.
Sens interdit au bout de l’impasse,
Trottoir à sens unique,
Plafond des libertés,
La douleur pour votre bien…
Par-dessus votre épaule, je vois vos intentions.
Et la salive inonde mes paroles de livres.
Envahissant l’espace étroit de vos angoisses,
J’étrangle vos instincts d’un fil de raison
Barbelé…
Attention, le fil de mon rasoir
Tranche
Juge

Et condamne.

Mauvais coup

Talons aiguilles.
Seringues graciles plantées dans le bitume humide des nuits monoplaces.
Bas résilles.
Auto-fixants, accrochés aux attentes de mes cuisses
Aux abords de mes désirs cloisonnés.
Faire l’amour sans amour
Comme faire la guerre sans la haine…
Sans le piquant du jeu,
Sans s’oublier sous la mitraille de la profondeurs des gestes.
En attrapant au vol un papillon de solitude
Du bout des cils,
Enlacer son silence et le confondre
Avec le mien…
Echange de pulsions complémentaires
Sans commentaires.
Mélange d’envies bradé au prix de l’instant.
Cette heure tardive qui s’éternise
En monologues imprégnés de regrets.
Dans ces yeux inconnus,
Mon reflet fait la gueule.
Sur un coup de tête,
Sous un coup de reins,
Mes restes d’orgueil s’étiolent…
Et je m’éteins.

On se rappelle ?
Non.

mardi 19 février 2008

12 euros le m²

Le chien noir en équilibre sur la nuit
Me regarde…
Il est partout où je vais.
Les poings en sang tout au fond de mes poches,
Les dents serrées, cassées,
Je rumine mon abjection comme une vieille chique.
Pandémie en sommeil dans une peau de génisse.
Je ne donnerais pas de lait cette année.
Je ne donnerais plus rien à personne ;
Puisque le monde, du haut de son orbite discordant
Me regarde de travers…
Paranormale parano dans un univers de dyslexie sentimentale.
Mes pistes d’atterrissage, tapis de tessons en fusion,
Et les tableaux d’affichage de mes pudeurs censurées,
Tout me chante « plus pure sera la pute ».
Et ça clignote en rouge sur rouge
Quand de l’étreinte métal-satin
Je donne la vie,
La mienne.
Celle qui s’écoule et qui ruisselle de mes veines
A mes déveines…
Jusqu’au sol à 12 euros le mètre carré.
Le carrelage en récipiendaire de mon identité biologique.
Dernier endroit où j’irais me répandre en silence.
Après toutes ces oreilles où je n’étais que bruit de fond.
Acouphène timide…
Autolyse programmée d’une souffrance muette,
Suicide annoncé à grands renforts de cris
Au fond des yeux.
De ceux qu’on entend quand les regards se baissent.
De ceux qu’on entend trop tard.
De ceux qu’on entendra plus.
Les miens

Born in 1973

Je suis née en 73
Entre les guerres du khi pour
Les adultères de rancunes,
Et deux frangines de 13 ans…
J’ai du tourner plusieurs fois dans la matrice des pas perdus ;
Au moins 3 fois ça j’en suis sure !
Une fois pour voir la lumière,
Une autre pour lui tourner le dos, la fuir ;
Et une dernière pour lui faire face à cette salope.
J’ai mal aux yeux depuis…
Est-ce que la seule vraie malédiction des vivants, c’est de vivre ?


Dos à dos, à midi au soleil, je t’attendrai.
Un colt de nuit dans chaque main,
Je vais plomber le jour.

Plus jamais les lunettes noires pour regarder ma vie.
Plus jamais la chaleur qui cuit mes illusions.
Juste de quoi voir où poser mes sabots ;
Juste assez de satin au revers du costard
Que j’aurais fait tailler dans du marbre poreux.
Pour respirer…
Un peu.
Avant de regretter l’incandescence du jour.
Avant de lui envier ses renaissances sans limites,
Chaque fois différent,
Chaque fois nouveau, surprenant…
Et moi prisonnière de ma peau, toujours la même chanson.
Je ne suis qu’une bluette jetée au bord d’un puits…
Une rengaine sans paroles, une partition sans portée sérieuse.
Seules les ténèbres me chantent quand les étoiles s’ennuient.
Ecoutez le silence, il vibre de mon nom…
Les rayons du soleil resteront sourds aux oraisons spatiales,
Donc il vaudra mieux pour eux…
Il vaudra mieux mourir ?
Non ?

Compte de faits

Vision périphérique réduite au minimum vital,
Je dessine mes nouvelles priorités à la craie
Sur ton front.

Ouvre les yeux, tombe le masque,
Car je suis prête,
Toutes portes ouvertes.
C’est aujourd’hui ton jour de chance,
Bonheur gratuit,
Payé d’avance.
Je brade mon cœur,
Solde mon cul,
Au premier cheval,
Bon ou mauvais mais à tout prendre
-Ou tout donner- autant qu’il soit à bascule !
Penché vers le paradis des rodéos sans douleurs…
Si possible…
Mais finalement, un radiateur ferait l’affaire…
Pièce de fonte solide et chaude,
Où réchauffer ma coquille vide,
Où ramollir ma solitude siliconée
Et y oublier mes hivers d’enfance…

Tu verses des arrhes au comptoir des espérances,
En espérant combler le découvert de ma tendresse…
Un conte de fée à crédit sans intérêts commence, ce jour.

Courir

L’asphalte sous les pieds
Ma rate va éclater

Je me fais le bitume, les braises
J’inonde les rues des mes névroses
Je fais saigner mon cœur en proses
Et d’équinoxes en ecchymoses
Je viole le vent qui prend la pose

S’enfuir de nous pour oublier
Tes yeux opaques de suicidé

Ne plus jamais s’appesantir
Sur les projets de l’avenir
A défaut d’en parler, l’écrire
Sur tous les murs sans coup férir
Pas assez dure pour en sourire

Juste assez vite pour ne pas trop souffrir.

Chaos Cortex

Retour instantané sur…
Moi ?
Pourquoi pas, rien d’autre à faire…
L’introspection comme hobby
Ça pourrait combler les blancs entre nos silences.

Au dessus de mes névroses ravinées
Vertige sensationnel,
Vacuité ascensionnelle,
Pince-nez et pince-cœur en bandoulière,
Je ne sentirai plus les douleurs putrides
De l’enfance…
J’arpente les couloirs capitonnés de ma conscience
Immorale…
Les racines de la démence germent lentement…
Mais sûrement,
Sous l’humus fertile des souffrances archivées.
Le palpitant arythmique danse dans sa camisole
Donne la cadence aux pulsions addictives de l’amour.
Sous dépendance, sous influence,
Saoûlée d’absence,
Souillée d’avance,
Je trace…
Du bout des griffes le long des murs
Les rides d’une âme en fusion.
La mienne sans doute,
Etendard gris qui s’effiloche aux baisers du temps.
Emmaillotée comme à ma première heure,
Entre les tentacules mortels
D’une créature qui me ressemble
Trop.

Tu avais raison maman,
On ne fera jamais rien de bon de moi.
Le mal existe, tu me l’as transmis
Génétiquement.

Black out

Tu joues avec mes nerfs
Comme toi seul sais le faire
Tu chauffes à 10 000 watts
Tu crépites, tu éclates

Et moi, éteinte dans la coursive
Je continue, alternative
A planter mes doigts dans tes prises
A attendre que tu m’électrises

Mon cœur clignote
Et c’est Noël
Pour la loupiote
L’étincelle

Tes sentiments climatisés,
Un jour brûlants, un jour gelés
Ont remisés mon cœur au four
Vidés mes batteries de secours

Je mets sur « off » notre machine
Je coupe le jus, j’extermine
La chose qui grandit entre nous
Ce drôle d’outil qui nous rend fous

Ce courant-là qui vient, qui passe
Qui nous allume, qui nous terrasse
Mes fusibles argentés s’en vont cramer lascifs
Mes pupilles dilatées se crèvent sur tes récifs

Appareil inutile
Maîtresse malhabile
J’arrête, coupe les fils
J’suis morte, change les piles

Calligraphies Lunaires

J’ai le corps à l’envers…
Et toi, fourbu d’amour,
Tu t’enfonces dans les profondeurs du lit ;
Drapé de nuit, tu t’évapores…
Le sommeil en cavale dans tes veines alanguies.
Un arrière-goût de fièvre éteinte,
Une perle de nacre égarée,
Qui brille…
Calligraphie lunaire…

L’odeur de ta peau comme un paraphe,
En marge à mes pulsions premières…
Je t’offrirai, du bout du souffle,
Les désaveux que tu espères.

Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes passions incendiaires…
Et recevoir tout mon amour par retour de baisers…

Bronski Barbie

Ça claque les semelles ferrées sur le bitume bleu nuit…
Ça pulse Bronski Beat derrière la mousse orange du walkman…
Et ça cogne là. Sous le cuir du perfecto.
Ça pourrait faire sauter les badges d’Anarchy in UK !
Mais ça réchaufferait rien du tout.
Ça humecte le tee-shirt finalement ;
Ça trahit le déodorant ;
Et ça fait couler l’eye-liner, le mascara, les illusions…
J’ai mal aux yeux, j’ai mal aux bagues à force de cogner ;
Ecorchée au portail d’un avenir qui se protège.

You and me together, fighting for our love…
You and me together, fighting for our love...
Ad lib...
Ad lib dans ma tête
Dans ma peau,
Dans mes jeans troués comme le quotidien…
Par tes yeux de poupée asiat’…

Le futur a peur de moi
Et le destin ne me connaît pas.
Je vais crever le ventre du lendemain !
Adolescence, triste violence ;
Rêve liquéfié à l’intérieur,
D’un corps trop petit pour être un homme.
Ou une femme ?
Peut-être… ça ou autre chose, mais être !
Avec toi…
Etre ce bout de toi qui te fait rougir,
Ce morceau moite que tu abandonnes dans les draps honteux.

Non je ne le dirais à personne…
Non, je ne l’ai pas fait exprès !
Non, je ne suis pas qu’une pauvre obsédée perverse…
Je te le promets, je dirais rien, je t’aime…
Pardonne-moi de n’être qu’une fille ;
Si je m’appelais Kévin, tu l’aurais dit à ta mère ?

Quand j’avais dix ans, j’embrassais ma Barbie sur la bouche…
Sous la douche…
J’irais au paradis quand même docteur ?

Aussi bête que moi

Opération sabotage aux abords de ta prestance.
Cible verrouillée,
Tous signaux hormonaux dehors,
L’heure H du point G a sonné,
Aux armes !

Tous les coups sont permis
Ici.
Bien que ceux que j’encaisse le mieux
Viennent de ton bassin
Jusqu’au fond du mien,
Je ne suis pas impressionnée.
Pas inquiète pour deux sous
D’un trop plein de jugeotte.
J’ai raboté mes illusions depuis un bail,
Même si j’ai loyers de retard, j’habite toujours mes espérances…
On ne s’exproprie pas chez les schizophrènes du quotidien,
C’est une question de principe !
Si tu n’arrives pas à me suivre ne t’en fais pas,
Je vais décrypter les messages au fur et à démesure !
Je suis polyglotte en émotions, sensations et autres langages corporels.
Alors keep cool honey,
On finira bien par se comprendre…
En attendant le chorus des diapasons cardiaques,
Deux ou trois doigts d’obscénité
Dans mon verre maladivement solitaire,
Ça fera des vacances à ma crédibilité passagère…
Donc, assis, debout, couché,
Chéri… Comme tu voudras,
Mais vite !
Avant que la femelle ne s’en retourne vers mes profondeurs humaines ;
Strates tristes de convenances civilisées…
Je te vends ma peau de bête au prix du délire
Essentiel…
Et plus que nue,
Toute grande ouverte,
Naïvement béante,
Du cœur au trognon,
Il ne me reste plus qu’à t’espérer
Aussi bête que moi…

A contresens

J’aime jouer à la marelle
Au bord du vide qui chancelle
Jeter la pierre blanche au ciel
Bondir sur le bord des margelles

Des puits de sciences…

J’adore goûter les fruits acides
Qui font grimacer l’insipide
Ceux qu’on rejette, qu’on ignore
Ceux qu’on insulte, qu’on abhorre

De l’autre bord…

Aller toujours à reculons
Choisir ma propre direction
Tourner le dos aux précipices
Tendre les bras à tous les vices

De la vertu…

Violer le mot et sa grammaire
Prendre le trop, laisser l’amer
Gratter les plaies de l’orthographe
Pour y effacer l’épitaphe

De la liberté.

Bad Trip

Acte I scène 1
Introduction intra dermique du pic métallique de mes désordres existentiels…
Un, deux, trois…
Quatrième seconde de fulgurance létale.
L’Anaconda de glace et ses anneaux d’oubli m’étrangle le cœur,
Broie progressivement ce qu’il en reste…
Instant fixe, désespérément orgasmique,
Ultime chimie du corps,
Contre nature.

Acte I scène 2
Laisser mollir la lucidité pour atteindre l’autre seuil…
Les muscles s’abandonnent à cette mystérieuse gravité spectrale,
L’enveloppe s’écoule en forme d’étoile sur le bitume stoïque…
Respiration minimaliste,
Panorama qui tangue…
Les paupières, guichets fermés, retiennent les flashs noirs de mes pupilles-néants…
Le cerveau fait fusionner mes angoisses monoplaces
Avec une réalité trop lisse pour être inoffensive…

Acte I scène 3, 4, 5, etc… Ad Lib.
Je tire un reste de conscience de mes grands fonds,
Je traîne ma carcasse qui vibre au ralenti au long des sentiers de la ville…
J’y croise des créatures binoculaires aux regards Winchester
Et des fantômes promenant leurs histoires d’amour en laisse…
Encore un mètre ou un hectare peut-être, jusqu’à la piste de mon atterrissage.
Avec un peu de chance, quelqu’un reconnaîtra le bruit de ma peur de vivre ?
Et me ramènera chez moi, 13 rue des non avortés…
Que je puisse m’en éloigner encore une fois,

Et réussir à me perdre pour de bon.

Encore

J’ai rencontré l’éternité aux portes de la nuit.
T’en souviens-tu mon amour ?
Assis côte à côte au bord d’un torrent de larmes grises…
Chacun sa peine, chacun sa haine.
A regarder le vide en face,
A détourner les yeux,
Le cœur,
Devant cette solitude crasse qui s’immisçait sous le bonheur.
Pardonne-moi…
Je portais ces fantômes au plus profond des gênes ;
De l’autre côté de l’être en mal de toi,
Il n’y avait que ça.
Une addiction aux souffrances de l’âme,
Une perversion instinctive,
Vouloir toujours tout terminer.
Réflexe de sabotage,
Sans intentions de me donner
Réellement…
Et suicider l’amour mille fois par vies,
Pour ne pas en mourir trop tôt…
Pour le chercher encore.
De cœurs en corps…
Encore
Et encore…

Dur réveil en décembre

Au sortir de mes nuits paraboliques,
Ces éternités nocturnes où je suis chienne,
Où je suis reine au collier lames de rasoir ;
Je roule des mécaniques,
Je passe mes vieux réflexes à l’huile…
Extrême onction à mes envies
De normalité honteuse.
De fin de règne…

Mes attitudes psychotropes ne leurrent plus personne…

Derrière les sourires mentholés,
Je sens le vitriol qui s’impatiente…
Encore quelques croix à porter
Avant le crash,
Patience…
L’expiation est pour demain,
Le père Noël me l’a promit,
Sur son lit de mort…

Froide

Au clair de mes absences
Brille un frisson de sel iodé
Reginglard d’innocence
Légion pétrie de préjugés

Ta clef dans ma serrure
Rouillera de désirs
Ton axe en ma cambrure
Pour m’ouvrir, et mourir

Retiens ta peine mon amour
J’ouvre les vannes, je t’inonde
Vogue sur mes veines au long court
J’avalerais le beau, l’immonde

Assise en haut de l’escalier
Là, sur les marches du bonheur
Je te regarde escalader
Le vague à l’âme de ma torpeur

Frigide.

Ciel ! Mon amant !

Vivante, j’invite ton vit à venir,
Piquer le pic de mes empires…
Là où les limbes logarithmiques
Se changent en satins sataniques…

Au fil fibreux de ton phallus
Aux portes de mon utérus,
Une éruption arachnéenne
Etends sa toile, trompe l’hymen…

La lance lisse lardée de lait
Toujours tendue, angle parfait ;
Cherchera chaque autre chemin
Visitant vallons et ravins…

Ma longue langue sans s’alanguir
Savourant le miel et la myrrhe
Ira lécher l’échine chaude
Rose ravisseur en maraude…

Brûlure du jour

Ecureuil pyrotechnique
J’ai mal aux yeux
De t’attendre…
Au bout du toboggan de mes veines,
Je me crash sur la réalité.
C’est douloureux
D’aimer,
De vivre,
D’être à la hauteur,
D’être libre au-delà de tes bras.