mardi 1 avril 2008

LE SCOOP !

Ce blog n'étant pas pratique d'utilisation pour moi et supportant mal les images, j'en ai ouvert un autre plus spacieux où je peux mettre mes textes illustrés, et les ébauches de romans qui apparaîtront de façon plus lisible.
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dimanche 30 mars 2008

Le chat noir du jardin

Je serai le chat noir qui hante ton jardin.
Ton jardin des supplices cachés,
Ton jardin suspendu au silence.
J’irai, stoïque, entre tes idoles de marbres aux yeux d’oubli…
Aux pieds d’une Aphrodite sans bras,
Aux bras d’une Victoire sans tête,
Je marquerai les limites de mon absence…
Pour que ses effluves amers achèvent de ronger tes certitudes glacées.
Et tu te souviendras de moi,
Quand les rides de ton sourire saigneront
Sans déraison apparente….
Qu’une voix étoilée éteindra tes espoirs
Et crucifiera tes désirs d’un mot.
Celui que tu m’as dit un soir,
Au jardin.

Sans regret

Je suis humaine par temps de pluie…
Ça vous étonne on dirait ?
Pourtant je le suis, femme rivière,
Le front noyé en vagues brunes,
Collé à la vitre avide…
Elle espère que mes regards la pénètrent,
La traversent,
L’ignorent.
Elle attend de pouvoir jouer son rôle de mur fragile.
Mais non.
Les yeux en berne,
Je passe outre le monde qui m’étreint plus qu’il ne m’entoure…
Je glisse entre ces doigts glacés,
Murène de satin sous haute tension pathologique ;
Je fais onduler mes anneaux, mes années,
Et je prends la fuite.
Sans heurts, sans cris, sans larmes.
Je tire un rideau de rêve sur mes pupilles monochromes
Et elles s’enroulent autour de mes vides intimes…
Réflexe animal de préservation,
J’invective le silence,
Je sonne la retraite de mes solitudes ;
Je me retire du monde réel.
Pour l’écho d’une heure peut-être,
Mais sans regret.

Etre humain

L’humanité est boulimique.
La mort aussi.
Et je leur ressemble.
Car je porte au plus profond, l’essence,
Le germe de l’immolation,
Les sens cachés de la multitude,
Les secrets de la souffrance,
Les lois de l’humiliation…
Toujours plus et plus loin.
Et je psalmodie l’horreur au rythme du temps qui passe,
Je chante entre mes dents de carnassier, limées,
Le divin cantique de la cruauté gratuite.
Et d’où je suis –limite cérébrale- j’entends les chœurs…
Tous les peuples qui entonnent le refrain de la fin.
Mille civilisations, polychromie de langues, de peaux, d’histoires…
Milliards de créatures aux différences identiques qui hurlent ;
Et qui s’affairent à nourrir la sainte mère anti-matière…
Farandole de nègres écorchés,
Salade de youpins à l’étouffée,
Liqueur d’enfants-putes sur banquise fondue…
Dans des assiettes en costards bleus, faisons bombance !
Vous reprendrez bien un peu d’armes bactériologiques ?
Ca relève le goût de la guerre…
A un niveau d’horreur encore jamais atteint.
Une brochette de soldats en dessert ?
Elevés en camps disciplinaires sponsorisés par l’avenir.
Sans oublier le coulis de tortures secrètes,
Et ses effluves sordides de sexe et de sang…
Vous êtes écoeuré ?
Déjà ?
C’est donc que, dans le fond,
Vous n’êtes pas humain… ?

Black Sheep





Je suis noire.
A l’intérieur.
De cette teinte d’ombre qui rassure,
Quand le monde solaire brûle les pupilles,
Dilate les iris voraces jusqu’aux bords des orbites.
Sous la gaine de mes chairs pâles se cache la nuit silencieuse des poètes…
Et parfois, aux lisières de mes cils calcinés,
Elle remonte par vagues d’amertume ;
Pour couler, translucide, jusqu’à l’orée des cris éteints…
Ma bouche.
Scellée par la lumière dans un baiser inique.
Une étreinte imposée qui m’arrache à la paix…
Chaque matin.
Je referme les yeux en éclipses de Lune,
Pour retourner au cœur des ténèbres intimes, sereines…
De cette autre que je suis,
Noire,
A l’intérieur…

Instantanné de vie de couple ordinaire (nouvelle)

Dis, mon amour ? Pourquoi tu m’aimes ?

Quoi ? Tu m’as parlé ?

Pourquoi tu m’aimes ?

Ma mère m’a apellé ce matin, il fait gris sur Paris.

Est-ce que tu me trouves plus belle nue ?

Tu aurais pas vu mes clefs de bagnole ?

Est-ce que je suis vieille ?

Pas trop cuit le steack mon amour…

Et est-ce que tu m’aimeras quand je serais vieille ?

Il y a plus de papier dans les wc !

Tu trouves pas que ça fait longtemps qu’on a pas fait l’amour ?

Je t’aime.

Pourquoi on irait pas au restau ce soir, en amoureux ?

Putain, 150 euros pour quatre pneus !

J’aime pas quand tu m’embrasses sur le front…

Tu es ma femme mais aussi ma meilleure amie. Et ça, c’est beau.

Tu n’as plus envie de moi, c’est ça ?

On commande une pizza ?

A tout à l’heure chéri, je vais chez l’esthéticienne !

T’as un amant c’est ça ?

Je t’aime.

Merde, une lettre du Trésor public !

Je vais partir un jour.

L’an prochain, on change de voiture, on se traîne !

Tu ne m’as pas embrassée aujourd’hui.

Il y a plus de crème au chocolat dans le frigo.

Tu ne me fais plus l’amour.

J’ai battu Maurice au squash, il était vert !

Tu n’as pas vu que je m’étais fait couper les cheveux.

J’ai pas trop grossit en dix ans quand même…

Ton corps est grotesque.

Il y a longtemps que tu nous as pas fait un bon rôti…

Ton souffle endormit me révulse…

J’achèterais bien un home cinéma moi…

Je vais partir. Demain.

Faut qu’on aille voir ma mère le mois prochain.


Il fait beau aujourd’hui !

Marie ?

J’ai bien fait de mettre une robe légère !

Marie ! Tu es dans la salle de bain ?

Le train est à l’heure, génial !

Marie…



« Allo maman ! Marie est partie ! Elle m’a quitté, j’arrive pas à le croire ! Elle n’a laissé qu’un mot bizarre, je comprends rien merde ! On étaient si heureux ensemble, pourquoi elle me fait ça ? … »

La paix ! (nouvelle)

Brut de décoffrage...
Ce que je fais dans la vie ?
Est-ce que je t’en pose des questions moi ?
Quoi ? Tu t’es senti agressé par ma réponse ?
Il ne t’est pas venu à l’idée que je n’avais pas envie de te parler ?
Si je ne souris pas, si je ne te regarde pas, ça veut dire quoi, d’après toi ?
Retourne à tes lumières de jardins anglais, oublie-moi s’il te plaît. Je veux juste rester là, tranquille, stoïque, sans sentiments. Sans avis sur les choses, sans pensée positive. Apparemment tu ne comprends pas, et tu reviens aussitôt à la charge. Tu penses me donner de la chaleur ou de la compassion ? Je n’en veux pas, tu es con ou tu es con ? J’ai juste envie d’une parenthèse, d’une longue stase. Mais tu ne connais pas ça, toi, tu papillonnes en cherchant à alléger ton karma. Je n’en veux pas de ta sympathie, je n’ai pas envie de te connaître. Ce que je sais de toi me suffit déjà. Je suis sûre que tu as peur des araignées, des serpents, des rats… Tu as peur de la vie, quoi. La trouille d’être seule parmi les gens, isolée du mouvement. Moi je suis bien dans ce rôle, comme la lampe dans un coin du salon. Je ne demande rien a personne, je ne veux rien savoir des autres. Détourne ton regard, essaye le gars en noir là-bas. C’est un bien beau gaillard, costaud, souriant et hyper sociable visiblement. Regarde, il parle avec tout le monde, il danse, il boit. C’est ce type-là qu’il te faut, un vrai soleil de crémaillères, tout en chaleur et en fantaisies. Si je le connais ? Oui… Enfin non, je ne sais plus. J’ai cru le connaître. C’est sûrement ça… Comme toi, je pensais dur comme fer que les mots que les autres nous livrent ne sont que vérités. Je pensais que les regards noirs et feux, les caresses et les promesses ne savaient pas mentir. Bref je me suis plantée, encore… Je me le suis planté lui, là, où ça palpite normalement. Maintenant ça bouge, machinalement. Ça fonctionne, c’est tout. Comme mes yeux, mais sans mon cerveau. Mes pupilles se baladent, regardent ce qui se passe mais les images ne trouvent plus de sens sous mon crâne. Je le vois bien, Lui. Il vit, il rit haut et fort. Sa voix toujours claire, sans fausse note, sans désaccords. Sauf quand il me regarde, là ça déraille. C’est fugace, presque indécelable. Juste le temps que fait le malaise quand il traverse son esprit. Ce malaise, c’est moi. Mais je n’ai jamais vu la couleur de son esprit. Il m’en a défendu le libre accès. Je l’ai traversé les yeux bandés. J’étais là mais aveugle, comment j’aurais pu déceler la profondeur du vide ? Et son cœur… Celui là, je ne sais pas, c’est peut-être un mythe. Le mien, il y a longtemps que je n’en ai plus de nouvelles. Je l’ai donné, il n’est jamais revenu. Et le sien, il ne m’a jamais parlé, je ne saurais pas le reconnaître. Même son corps m’a mentit en fait. Et j’ai tout cru, tout pris. Lui, il ne donnait rien, il prenait tout. Sa chaleur, ses élans, sa tendresse… Tout était rétractable. Le parfum de sa peau comme seule preuve de nos rencontres. Ce parfum-là ne pouvait pas mentir. Sa peau, oui. Elle, elle m’a aimé. Et je l’ai adorée, je l’aime encore, sûrement… Maintenant j’en suis privée. La mienne ne me sert pas à grand-chose, juste à me traîner encore à côté de lui partout où il a envie d’aller. Jusqu’au terminus. Là où il prendra un autre train que le mien. En attendant le moment où je le regarderai partir de mon quai de solitude, laisse-moi en paix… Laisse-moi le regarder, le déranger par ma présence, le pousser au-delà de sa tolérance. Colère et désespoir, un cocktail bien chargé où je jette toute la glace de ma résignation. Je suis trop lâche pour le quitter et trop conne pour ne plus rien espérer. Tu vois, pas besoin d’en discuter, je le sais. S’il te plaît, laisse-moi en paix…



30.04.06